Louise Chatigny fut factrice à Sainte-Pétronille pendant 26 ans. Photo : Nicole Bédard

Toutes ces années ont passé comme une lettre à la poste

Violette Goulet, Autour de l’île, Île d’Orléans, décembre 2016

Louise Chatigny est probablement la seule personne à Sainte-Pétronille qui peut décliner les noms et les adresses de tous les résidents. Pas étonnant! Louise, notre factrice, se lève au petit matin depuis 26 ans pour livrer à l’heure et sans erreur le courrier à la population de Sainte-Pétronille. 26 ans à s’arrêter à chaque boîte postale. 26 ans à affronter le beau et le mauvais temps. Mais aussi, 26 ans à aimer son travail et à être heureuse de le faire.

En fait, depuis 1990, Louise Chatigny a fait le tour du village bien plus souvent que n’importe lequel d’entre nous. Elle en connaît les moindres racoins, les moindres rues, les moindres détours. Or, elle cède maintenant la place à sa relève. En effet, notre factrice rurale prend sa retraite.

Louise Chatigny fut factrice à Sainte-Pétronille pendant 26 ans. Photo : Nicole Bédard

En 26 ans, bien des choses ont changé…

Quand elle a commencé, le bureau de poste de Sainte-Pétronille était situé dans la maison du maître de poste Diane Blais. Puis, le village a perdu son bureau de poste et elle a dû fonctionner à partir du bureau de Saint-Pierre. Au cours des années, elle a ravitaillé un point de dépôt à la pharmacie Perreault, puis à la Chocolaterie de l’île d’Orléans et finalement au bureau de poste de Saint-Pierre. Ces lieux sont d’ailleurs connus de tous les privilégiés à qui elle laissait une petite carte.

Ah! Ces histoires de cadenas Je me souviens qu’à une certaine époque, nos boîtes de courrier étaient verrouillées avec des cadenas personnels, et l’hiver, les mécanismes gelaient et on était incapables de récupérer notre courrier. Postes Canada a donc fini par remplacer ce système par de nouvelles boîtes aux serrures intégrées. Pour nous, c’était idéal, mais pour Louise, quel cauchemar quand venait le temps de changer une serrure défectueuse. Son mari, Denis, a d’ailleurs souvent été appelé à la rescousse!

 

Vous avez dit : vacances?

De ces 26 années, Louise en a travaillé 15 comme contractuelle sans aucun avantage social. Cela signifiait, notamment, que si elle voulait prendre des vacances, elle devait trouver elle-même son remplaçant et le payer de sa poche! Quand le syndicat de Postes Canada a intégré dans ses rangs les facteurs ruraux, en 2004, elle a enfin pu compter sur un emploi stable avec des avantages sociaux et une allocation pour la voiture.

 

Les habitudes changent et le métier aussi

Ces dernières années, Louise a dû s’adapter à la nouvelle numérotation civique, à la diminution du courrier-lettre et à l’augmentation du courrier-colis en raison de la croissance des achats en ligne. Un mal pour un bien, selon elle, puisqu’aujourd’hui elle sonne beaucoup plus souvent aux portes et peut ainsi saluer les résidents de vive voix. Je sais, pour l’avoir côtoyée toutes ces années, que c’est le cœur gros qu’elle quitte ce métier tant aimé. Mais la tâche est maintenant trop lourde avec l’ajout d’une partie du village de Saint-Laurent.