Thomas Deshaies, Journaldesvoisins.com, Montréal, décembre 2017
Plusieurs organismes de la région affirment qu’il est de plus en plus difficile de recruter des bénévoles qui souhaitent aider les aînés dans l’arrondissement.
« Ça fait quelques années que perdure cette difficulté de trouver des personnes qui veulent s’engager bénévolement auprès des aînés », affirme Micheline Bouvier du Centre de bénévoles Ahuntsic-Sud. Selon Mme Bouvier, la situation est notamment due au fait qu’il y a de plus en plus de jeunes qui s’occupent déjà de leurs proches et qui n’ont donc plus de temps à donner. « Tout le système est cahoteux aussi. Nos jeunes manquent d’emplois, l’aide sociale fout le camp. C’est présentement très difficile », dénonce-t-elle.
Selon France Brochu d’Entraide Ahuntsic-Nord, les organismes ont dû ajuster leurs méthodes pour continuer d’être en mesure d’attirer des bénévoles. « Avant, le candidat disait : « je viens vous aider, de quoi avez-vous besoin? »; maintenant le candidat dit : « Je viens vous aider, qu’avez-vous à m’offrir »? », explique-t-elle. Elle attribue ce changement de paradigme à la plus grande scolarisation de la population et à la diversification des possibilités d’engagement au sein de nos communautés d’Ahuntsic et de Cartierville.
Les préjugés en cause?
Selon Mme Bouvier, on donne souvent une mauvaise image des aînés, ce qui pourrait avoir un impact sur l’aide des bénévoles. « L’image projetée a un impact. Pensons à l’image qui est donnée aux gens qui reçoivent de l’aide sociale. Il y a de très très très gros préjugés », s’insurge-t-elle.
De l’avis des responsables d’organismes avec qui nous avons pu parler, l’engagement des bénévoles est pourtant essentiel pour répondre aux besoins toujours plus criants de la population.
Ce n’est pas moins de 1 600 bénévoles qui gravitent autour du secteur, selon Mme Brochu. L’aide ponctuelle représente plus de 12 000 heures de travail par année pour Entraide Ahuntsic-Nord. « Il n’y a qu’à penser aux popotes roulantes, qui sont des services de livraison de repas pour une clientèle qui peut difficilement se faire à manger. C’est essentiel et rendu possible grâce aux bénévoles», ajoute-t-elle.
Participation des nouveaux arrivants
La directrice générale du Centre d’action bénévole de Bordeaux-Cartierville, Marilena Huluban, note également qu’il y a moins de bénévoles pour aider les aînés. Cependant, elle affirme que son organisme n’éprouve pas de difficulté en matière de recrutement. Toutefois, elle constate une augmentation croissante des besoins.
Mme Huluban, qui est à l’emploi du Centre d’action bénévole depuis une dizaine d’années, affirme que c’est l’implantation de nouvelles méthodes de recrutement qui explique ce bilan positif. Un programme de recrutement a été mis sur pied spécifiquement pour les jeunes, tout comme des séminaires de formation au sein des cours de francisation.
« Chaque année, on a entre 250 et 300 jeunes bénévoles. Environ 80 % des nouveaux bénévoles sont des personnes issues de la diversité culturelle », note-telle, tout en spécifiant que cela peut aussi s’expliquer par le fait que le quartier est multiethnique. « Il y a beaucoup d’aînés qui contribuent à la communauté jusqu’à 80 ans : il ne faut pas l’oublier non plus », tient à souligner Mme Huluban.
Variété de contributions possibles
Les organismes de l’arrondissement offrent de nombreux services aux aînés. Il existe des services de raccompagnement, le service de visites amicales et des activités culturelles et sociales. «C’est justement pour permettre aux gens de se créer un nouveau réseau, de socialiser, d’explorer leurs capacités à faire des choses », mentionne Mme Bouvier.