Courtoisie STM

Le demi-siècle du métro montréalais

Samuel Larochelle, Échos Montréal, Montréal, décembre 2016

On organise parfois nos horaires en fonction du sien. On court après lui. On s’y observe vivre. Et on en profite pour y analyser notre reflet, pour voir si on a changé ou vieilli. Comme lui, le métro de Montréal, qui célèbre cette année ses 50 ans.

Les dirigeants de la métropole ont pensé creuser des tunnels pour faciliter la circulation des tramways vers le centre-ville à partir de 1910. Mais la crise économique des années 30 et la Deuxième Guerre mondiale ont reporté le projet au milieu du siècle. Extrêmement prudents, les élus montréalais se sont fait damner le pion par leurs homologues torontois, qui vu le métro faire gronder le sous-sol de la Ville Reine en 1954.

Enfin » diront certains, le 3 novembre 1961, le conseil municipal de la Ville de Montréal, mené par Jean Drapeau, a voté un investissement de 132 millions de dollars pour la construction de trois lignes de métro : un trajet est-ouest (verte), nord-sud

(orange) et sous le fleuve (jaune). Le Bureau du métro était alors dirigé par l’ingénieur Lucien L’Allier. Les travaux ont débuté le 23 mai 1962. La fabrication des voitures a été confiée à la firme Canadian Vickers, qui a terminé les premiers modèles le 24 août 1965. Au plus fort des travaux, près de 5 000 ouvriers travaillaient sur le vaste chantier.

Les 20 premières stations ont été inaugurées le 14 octobre 1966 et un million de passagers ont fait l’essai du métro en une semaine ! Terminé au printemps 1967, le réseau comprenait à l’époque 26 stations, qui allaient d’Atwater à Frontenac, d’Henri-Bourassa à Bonaventure et de Berri-De Montigny à Longueuil. L’inoubliable Expo 67, qui a attiré 50 millions de visiteurs à Montréal, a généré le passage de 418 000 personnes en une journée à la station Île-Sainte-Hélène (renommée depuis Jean-Drapeau). Fort de son succès, le métro a été prolongé dès 1971, entre autres avec la création de la ligne bleue, reliant Saint-Pierre à Montréal-Nord.

En septembre 1978, le métro s’est rendu un peu plus loin, jusqu’à la station Angrignon. Le pilotage automatique a été instauré deux mois plus tard. Un record d’achalandage a été inscrit le 11 septembre 1984, lorsque la visite du pape Jean-Paul II a convaincu deux millions de clients d’utiliser métro et/ou autobus. La ligne bleue est entrée en fonction graduellement, de 1986 à 1988. Par la suite, les usagers n’ont pas visité de nouvelles stations avant que Laval soit dotée de trois arrêts (Cartier, de la Concorde et Montmorency), en 2007. La décennie s’est terminée avec l’octroi du contrat de fabrication de 468 voitures au consortium Bombardier-Alstom, qui ont tranquillement fait leur apparition en 2016.