Diane St-Onge est la gardienne de la mémoire de Montbeillard. Photo : Raymond Bernatchez

Diane St-Onge, la mémoire de Montbeillard

Raymond Bernatchez, Le Montbeillard en bref, Montbeillard, décembre 2016

Diane St-Onge est la gardienne de la mémoire de Montbeillard. Née au sein d’une famille nombreuse sur une terre de Béarn, au Témiscamingue, elle y a appris fondamentalement deux choses : l’art de cultiver le bonheur et le souvenir des gens qui nous l’ont procuré.

Aux fins d’archiver les connaissances et de les diffuser, elle quitte son paradis terrestre familial à 16 ans pour l’Institut familial de Ville-Marie au début des années soixante. Fascinée par l’enseignement, c’est à 18 ans qu’elle opte pour la vie religieuse. Diplômée, elle entreprend de communiquer son savoir à d’autres tout en enrichissant constamment le sien.

Diane St-Onge estime avoir enseigné 30 années, aux niveaux maternels et primaires; à plus de 750 enfants de Rémigny, Guérin, Rollet, Artnfield, Évain et Montbeillard. Montbeillard c’est la plaque tournante du changement pour elle au début des années soixante-dix. C’est d’ailleurs là qu’elle quitte sa communauté religieuse en 1980 pour vivre différemment. Chose faite, c’est en enseignante laïque, vêtue comme toutes les mamans, qu’elle poursuit sa carrière d’enseignante à l’école de Montbeillard. Financièrement démunie, le hasard s’en mêle favorisant l’acquisition au village d’une maisonnette jouxtée à une immense terre à bois. Reste une angoissante question : comment la rénover? Ayant donnée sans compter, des voisins et amis vont l’y aider bénévolement.

Pour faire corps avec le lieu, d’interminables heures de loisir sont passées à remonter le temps. Qui étaient vraiment les pionniers d’ici au tout début en 1933, de même que leurs filiations familiales? Comment ont-ils vécu les années de colonisation et ainsi de suite?

Bientôt, un groupuscule de passionnés fit chorus à ses côtés pour instituer avec elle la Société d’histoire et du patrimoine de Montbeillard. Deux événements marquants en résultent : le 50e anniversaire de Montbeillard en 1983 et le 75e en 2008. Depuis le premier jusqu’au deuxième, les fouineurs invétérés de sa Société d’histoire et du patrimoine archivent une invraisemblable somme d’informations sur ces pionniers et leurs descendants. Avec force, photos d’époque, fournies par les descendants en sus des témoignages écrits existants, est constitué un remarquable livre publié pour le 50e, Montbeillard au temps du Curé Michel qui a de par leurs expressions, de grandes affinités avec le chef-d’oeuvre de John Steinbeck, Les raisins de la colère. À cela s’ajoute, lors du 75e anniversaire en 2008, la gravure sur CD et supports informatiques, de tous les éléments nouveaux glanés dans les 25 années suivantes.

Cette femme toute menue et ultra déterminée, a, communautairement avec d’autres toujours, été la meneuse de cet événement soulignant tout autant l’arrivée des premiers pionniers que la contribution des nouvelles générations. Des centaines de personnes y ont participé. Des dimensions culturelles et spectaculaires s’y sont greffées. Spectacles, il y a eu, en effet, et pas des moindres avec notamment la participation active d’anciens élèves de Diane St-Onge qui lui rendaient simultanément hommage alors. Nous avons pu, ainsi, y entendre le groupe Saltarello avec le concours de Luc Lafrenière; Kuz que nous devions à Sébastien Greffard, né ici; un fascinant et amusant trio de musiciens/conteurs/humoristes mis au point par Manon Corbeil, Mario Lafrenière et Suzy Lussier. Et c’est par admiration et amitié pour elle, qu’Alexandre Castonguay a créé alors sa toute première lecture publique en donnant voix aux propos les plus déchirants des pionniers du livre Montbeillard au temps du curé Michel. Avec ses amis et elle, Montbeillard entrait dans la modernité.

Diane St-Onge en a fait autant, au fil des ans et de la même manière, en tant que responsable de la bibliothèque de Montbeillard installée au Centre communautaire. Sans l’aide persistante de son groupe d’amis, Montbeillard n’offrirait logiquement plus ce service aux gens d’ici. Ce fut une grande voyageuse internationale ayant contribué aux liens nord/sud en soutenant Corcovado pour venir en aide au Brésil. Tout en combattant plusieurs cancers des années durant, dont une très dure récidive actuellement. Célibataire, jusqu’à récemment, cette passionnée de la vie partage quotidiennement la sienne depuis trois ans avec François Brunet, un franco-ontarien né à Sturgeon Falls. Pour vivre conjointement, elle a quitté sa maison du village, ironiquement devenu un quartier, et ce, pour partager sa vie dans une commune maison en bordure du lac Opasatica. C’est en contemplant le chemin d’eau devant, les collines autour, et l’infinité du ciel, qu’elle pense chaque jour depuis et dorénavant aux occupants du début à aujourd’hui.