Jenny Corriveau, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, novembre 2016
Le Chazelois de renommée mondiale Alain Lévesque présentera à La Sarre du 24 novembre au 8 janvier une exposition inspirée du monde rural du Québec d’après-guerre : Perspective rurale. Principalement connu pour ses toiles urbaines illustrant des voitures, l’artiste aux inspirations Art déco et Futurisme italien s’inspire cette fois-ci de la ruralité de son enfance, sans toutefois délaisser son dada : les véhicules.
Les œuvres du peintre sont connues dans le milieu de la collection automobile à travers le globe et font l’objet de publications dans plusieurs magazines internationaux. Après avoir été l’invité de Porsche à Stuttgart en 1998 et affichiste pour Barrett-Jackson pendant quelques années, il a été appelé pour la création de l’affiche du Concours d’Élégance à Central Park, New York, en 2005. Ses œuvres sont présentées à Paris dans le cadre de Rétromobile ainsi qu’au Concours d’Élégance de Pebble Beach et il compte parmi ses clients quelques grands noms tels que Jay Leno, Nick Masson et Jerry Seinfeld, rien de moins. Il va sans dire, sa réputation n’est plus à faire.
« C’est Véronique Trudel, directrice du Centre d’art Rotary qui m’a proposé l’idée ! »
En 2003, le Centre d’art Rotary recevait l’artiste pour une exposition sur ses œuvres sous l’influence de l’automobile. La directrice lui a alors fait remarquer son étonnement et sa satisfaction à l’effet que le centre avait reçu un nombre incroyable de nouveaux visiteurs. Cette exposition aurait attiré un tout nouveau public. « Je n’ai jamais vu autant d’hommes entrer chez nous ! Après tout, c’est quand même de l’art ! » Soulignait-elle.
L’artiste, ayant développé une bonne relation avec la direction du Centre, y est retourné en juin dernier pour visiter l’exposition de Louisa Nicol. C’est à ce moment qu’il a confié à Mme Trudel qu’il faisait alors des essais sur la motoneige et autres inspirations de son passé. La directrice du centre n’a pas perdu un instant et lui a dès lors proposé de monter une exposition sur le sujet, qu’il pourrait bien sûr présenter dans son établissement. C’est quelques mois plus tard, avec une vingtaine de pièces sur papier, carton et canevas, dont six grandes sur le thème de la motoneige, qu’Alain Lévesque présentera Perspective rurale. « C’est une maladie très joyeuse partagée par beaucoup de garçons au Québec, la motoneige », dit-il avec humour. Nous pourrons y admirer des œuvres originales et des reproductions, par exemple quelques affiches Bombardier qu’il a jadis faites pour le plaisir. Affiches qui n’ont été présentées qu’à Denys Lapointe du Groupe BRP, qui s’est dit plutôt ému de voir des affiches représentant les motoneiges que son père avait créées pour Bombardier dans les années 60-70. Outre la motoneige, on trouve dans l’exposition des représentations de bâtiments et de travaux agricoles qui témoignent de sa propre expérience de la vie à la campagne et de ses valeurs traditionnelles, à la rencontre de sa vision d’artiste engagé dans le domaine de la création depuis les trente dernières années.
Natif de St-Janvier-de-Chazel, il a quitté la région à 16 ans puis est revenu pendant quelques années au tournant de la vingtaine, pour ensuite retourner à Montréal pour les études et le travail. Diplômé de l’UQAM en design graphique, il resta dans la métropole pendant plusieurs années et s’exila ensuite vers l’Outaouais. « Avec le télétravail, je pouvais alors travailler de n’importe où. J’ai choisi Montebello, un petit coin tranquille qui n’est pas sans me rappeler mon patelin. »
Conservant plusieurs amitiés de longue date en région et ayant encore son frère qui y réside toujours, M. Lévesque mentionne revenir visiter la belle 08 au moins deux fois l’an. « Je suis toujours extrêmement fier de dire que je viens d’ici ! L’Abitibi est un terrain extraordinairement créatif. Le bassin d’artistes originaires de la région est vraiment grand. Les gens d’ici sont créatifs, imaginatifs et, disons-le, souvent moins narcissiques. »
L’artiste a déjà eu une offre pour présenter son exposition à Montréal, où il serait vraiment intéressant de présenter ce contraste rural en milieu urbain. Qui sait, peut-être brillerons-nous bientôt hors frontières !
De l’Abitibi-Ouest au bout du monde, l’artiste et son art se font remarquer, faisant briller notre région, une toile à la fois.