Photo : Sébastien Giguère

Le mont Mégantic: un pays de vent

Sébastien Giguère, Le p’tit journal de Woburn, Woburn, novembre-décembre 2016

Au mont Mégantic, l’impact des vents dominants est visible sur l’enneigement des sapins. On nomme ce phénomène l’effet Krummholz (de l’allemand: krumm: tortueux, courbé, crochus et Holz: bois). Ce terme est utilisé pour décrire la stature rabougrie et difforme des arbres soumis aux contraintes du vent dans les régions montagneuses ou côtières. La structure particulière du krummholz provient de l’assèchement des nouvelles pousses par le vent. Le taux de croissance se trouve ainsi diminué ou complètement entravé du côté des vents dominants. L’arbre prend alors une allure de bannière avec les branches d’un seul côté du tronc.

Visiter le mont Mégantic, c’est venir rencontrer le vent. Continuellement, son souffle glisse sur la vaste forêt. Ceux et celles qui viennent contempler le coucher de Soleil au belvédère de l’observatoire sont souvent surpris par la force du vent qui balaie le site. L’hiver, les adeptes de la randonnée qui fréquentent les sommets affrontent, pour accéder à ces décors fabuleux, un vent aussi puissant que glacial.

Trois facteurs concourent à expliquer la force particulière des vents au mont Mégantic. Le premier est l’altitude. Plus on s’élève dans le ciel, moins les courants de l’atmosphère sont perturbés et ralentis par les obstacles au sol. L’air au sol est sujet à de multiples turbulences qui brisent le flot de l’écoulement atmosphérique. C’est la raison pour laquelle on cherche à installer les éoliennes le plus haut possible. Mais, en montagne, si la force des vents augmente par simple effet d’altitude, elle augmente aussi en raison d’un autre facteur: l’effet orographique (voir le schéma sur cette page). La compression des couches d’écoulement d’air qui frappent le relief engendre une accélération importante du flot au-dessus des sommets. Si le mont Washington s’affuble du titre home to the world’s worst weather (site de la pire météo du monde), c’est en partie à cause de cet effet, qui est aussi le cauchemar des personnes qui s’y aventurent sans prudence. Enfin, le fait que le massif se trouve à l’ouest de la chaîne principale ajoute un troisième facteur d’influence. Constituant le premier obstacle d’importance depuis la plaine du Saint-Laurent, il est directement exposé aux vents dominants.

À l’intérieur du massif, les effets du vent sont aussi palpables. Plusieurs chablis, des zones d’arbres couchés par le vent, s’établissent selon des corridors influencés par les courbes du relief. Nichés au pied du versant est de la montagne, à l’abri des vents dominants de l’ouest, l’ASTROLab et le centre de services du parc profitent souvent d’une relative protection, contrairement aux observatoires et à la chapelle.