Jasmine Valiquette, Le Journal des citoyens, Prévost, le 16 novembre 2016
Il y a trois ans, pour rendre service à son voisin qui partait en voyage pour une longue période, Simon Dutil-Paquet, s’est porté garant de ses trois ruches. Sa conjointe, Édith Martel et ses deux jeunes garçons se sont impliqués avec lui dans ce gardiennage d’abeilles et de miel. Il était loin de se douter qu’il se laisserait envoûter par ce métier d’apiculteur. Il était loin aussi de se douter que cet engouement le mènerait à la mise sur pied d’une entreprise familiale.
Depuis ce temps, Simon et sa conjointe Édith ont acquis 85 ruchers, ils récoltent leur propre miel et en font des produits variés en partenariat avec les gens du milieu, tels que : les bonbons de miel, les chocolats, les savons, les huiles essentielles, de la cire d’abeille. On retrouve plusieurs des produits Le Miel de la Garde, sur les étalages de commerçants du coin et des villages voisins.
C’est dans son garage, tout près de sa maison que Simon a ses installations pour recevoir le fruit de ses ruchers. C’est à cet endroit qu’on récolte le miel, la cire, le nectar, le pollen, c’est là qu’on fait le tri des larves pour l’élevage des reines. C’est très intéressant d’écouter Simon et Édith, ils vivent des expériences mielleuses sans fin, « il y a tellement de choses que nous pouvons faire », de dire Simon. Conscients que c’est pas à pas qu’ils atteindront leur but, ce dont ils rêvent c’est d’avoir jusqu’à 150 ruches, d’avoir pignon sur rue dans un édifice commercial qui servirait d’usine pour le traitement du miel et accueillerait le public… ainsi, il développerait d’autres produits dérivés du miel.
Pour eux, la récolte du miel est un cadeau naturel et merveilleux. Chaque fois qu’ils font l’analyse des ruches, ce qui peut prendre de 1 à 2 heures par ruche, ils sont impressionnés et fascinés par le travail des abeilles. « Nous devenons contemplatifs, une adrénaline douce et calme s’éveille en nous lorsque nous analysons tout le travail dans le cadre, nous n’avons d’autre choix que d’être dans le moment présent, on ne se tanne jamais… », dit Édith.
Simon considère que ses enfants sont très naturels avec les abeilles, « ils sont des experts pour différencier les reines, on les identifie d’une tâche de crayon sur le thorax, les enfants marquent les reines et ils sont très à l’aise… c’est étonnant de les voir », dit-il avec fierté.
À cette période-ci de l’année, c’est le miel d’automne que l’on récolte, les abeilles butinent la verge d’or et les fleurs de saison. On peut apercevoir des ruches du Miel de la Garde dans les champs de Prévost, et dans plusieurs autres villages de la région. « Plusieurs propriétaires nous prêtent leurs terrains pour accueillir nos ruches », dit Simon. On se rend compte que la récolte du miel devient un travail collectif. Le miel est une récompense saisonnière, un produit naturel non transformé, non pasteurisé, on le récolte comme si on récoltait de l’or, tellement c’est précieux. De saison à l’autre, la couleur change, tantôt d’un blond or doux et à un autre moment dans l’année, le miel est plus foncé; tout dépend aussi des fleurs ou des arbres que les abeilles butinent.
Simon a étudié en science de la terre et en science de l’environnement et travaille à temps plein pour l’entreprise, tandis que Édith est enseignante au Cégep et elle lui prête main-forte durant ses jours de congés et pendant l’été. En regroupant leurs connaissances et expériences, ils forment une équipe du tonnerre. Des gens heureux de faire partie d’un environnement de campagne près de la ville, soucieux des produits du terroir et ambitieux de tout ce que la terre leur offre. Ils sont membres producteurs de la Coopérative d’alimentation Rivière-du-Nord dont le point de chute est à la Gare de Prévost. Ils donnent aussi de la formation pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l’apiculture.
À compter d’aujourd’hui, vous remarquerez « Le Miel de la Garde », un produit de chez nous qui voyage même jusqu’au Maroc où l’on cuisine des baklavas avec du miel des abeilles de Prévost… c’est extraordinaire quand on y pense… comme s’il y avait un peu de nous tous là-dedans et ce, jusqu’à l’autre bout du monde !
Chaque hiver, les abeilles continuent de travailler tout en veillant elles-mêmes à maintenir la température à 30 degrés. Elles isolent la ruche en la colmatant de leur produit naturel et n’ont plus qu’à battre des ailes pour aérer… et le cycle recommencera à la fin mars jusqu’à l’automne suivant et ainsi va la boucle de ces merveilleuses abeilles dont le nom nous vient de l’occitan, abelha, alors qu’apiculture nous vient du latin, apicula.
Tel que l’a écrit, il y a très longtemps, l’écrivain Maurice Maeterlinck, s’il n’y avait plus d’abeilles dans ce monde, l’été serait pour tous « aussi malheureux et aussi imparfait que s’il était sans oiseaux et sans fleurs ».