Du plastique dans le Lac Témiscamingue

Gabrielle Chaumont, Contact, Témiscaming, le 9 novembre 2016

L’Organisme de bassin versant du Témiscamingue (OBVT) a dévoilé la présence de particules de plastique microscopiques dans le lac Témiscamingue. L’organisme a réalisé une étude avec le groupe «Sentinelle Outaouais» et l’Université Carleton d’Ottawa.

Les microplastiques ou microbilles de plastique sont des résidus provenant des matières plastiques. Selon l’OBVT, les origines de ces particules microscopiques sont diverses. Elles proviennent des déchets en plastique qui se retrouvent dans l’environnement et qui se dégradent, mais aussi des tissus synthétiques dont des particules se détachent lors du lavage et même des produits de soins corporels. Les microbilles de plastique sont en effet utilisées dans les produits exfoliants, dans les savons abrasifs et même dans le dentifrice. Pour réaliser cette étude, des échantillons ont été prélevés près de Notre-Dame-du-Nord, Ville-Marie et Témiscaming.

Le directeur général de l’OBVT, Pierre Rivard, expliquait : «Nous avons filtré cent litres d’eau à chaque endroit et nous avons envoyé les matières retenues dans les filtres à l’Université Carleton pour l’analyse. On a trouvé treize microbilles de plastique à Notre-Dame-du-Nord, dix-sept à Ville-Marie et neuf à Témiscaming». Selon un communiqué de l’OBVT, ces résultats sont étonnants : «Il a été surprenant de se rendre compte qu’une quantité plus grande de microplastiques a été détectée au nord du lac par rapport au sud, montrant que le comportement de ce type de produits est encore mal connu». M. Rivard indiquait que les résultats d’études réalisées en Europe ont démontré les impacts sur la faune aquatique. Les microbilles, dont la taille est comparable à celle du plancton, sont avalées par les poissons et autres animaux. Le directeur général de l’OBVT expliquait : «Il y a eu une étude dans laquelle on a fait éclore des œufs de perche. Certains alevins ont grandi dans une eau riche en microbilles et d’autres ont été élevés en eau propre. Les scientifiques ont ensuite placé un brochet dans le réservoir. Les alevins en eau contaminée ont tous été dévorés alors que ceux dans l’eau propre réussissaient à s’enfuir plus facilement et à se cacher du prédateur»M. Rivard a partagé plusieurs recommandations pour éviter que d’autres plastiques ne se retrouvent dans les cours d’eau : «Au niveau communautaire, c’est évidemment de récupérer les plastiques et de recycler. Au niveau gouvernemental, nous souhaitons faire interdire l’usage de microplastiques dans les produits d’ici 2017. Pour les consommateurs individuels, nous leur recommandons de ne pas acheter de produits contenant des microbilles et de favoriser les tissus en fibres naturelles comme le coton. Finalement, pour les industries, nous souhaitons qu’elles cessent le développement de produits contenant des microbilles».

Du côté de l’Association pour la préservation du lac Témiscamingue (APLTEM), le président, Gilles Gobeil, indiquait qu’il s’agit d’un problème de taille qui touche la plupart des cours d’eau : «Nous avons récemment nettoyé un affluent du Lac Témiscamingue, soit le ruisseau des Soeurs à Ville-Marie. On y a en effet trouvé du plastique. On en retrouve dans tous les cours d’eau et c’est un problème dans toutes les sociétés avancées. On demande aux gens de ne pas jeter leur plastique dans l’environnement et de le mettre au recyclage ou à tout le moins dans un centre d’enfouissement contrôlé». M. Rivard ajoutait d’ailleurs que c’est l’équivalent de dix sacs-poubelles qui ont été retirés du ruisseau des Sœurs.