Michel Bury, photographe de la nature

Elisabeth Forget-Lefrançois, Journaldesvoisins.com, Montréal, octobre-novembre 2016

Michel Bury fait presque partie du paysage du parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. En plus de parcourir les sentiers de ce lieu enchanteur au quotidien avec sa compagne de vie, il a passé d’innombrables heures près de la chute d’eau du barrage à contempler, immobile, les Grands Hérons et les Bihoreaux gris, coqueluches de l’endroit, afin de capturer cet instant magique où la lumière, le cadrage et le sujet forment un tout harmonieux.

Photographe autodidacte depuis plus d’une dizaine d’années, c’est lors d’un voyage en République dominicaine que l’Ahuntsicois a renoué avec ce passetemps délaissé à l’adolescence. En immortalisant à l’aide d’un appareil jetable sa rencontre avec une tortue de mer, M. Bury n’imaginait pas que la photographie occuperait bientôt presque tous ses temps libres.

« Mon but est de témoigner de la beauté de la nature et d’essayer de stimuler l’émerveillement. C’est une qualité qui s’effrite. Les gens ont tendance à ne plus prendre le temps d’observer », constate l’artiste s’adonnant à la macrophotographie ainsi qu’à la photographie animalière et de paysages.

Malgré ce désir de partager le fruit de son art, il éprouve toujours une pointe de nervosité au moment d’exposer ses œuvres. Il a d’ailleurs vécu son premier vernissage au Bistro des Moulins comme un coming-out. « Je révélais quelque chose de très personnel. J’ai été étonné que les gens perçoivent mon amour et ma patience avec la nature. Je me disais : mon Dieu, comment des choses aussi immatérielles peuvent-elles se transmettre? »

 

Plusieurs marques de reconnaissance

Depuis, M. Bury a fait beaucoup de chemin. Il est aujourd’hui possible d’admirer ses clichés dans des guides Ulysse et divers magazines, dont Outdoor Photography Canada, Canadian Geographic, Nature sauvage et Nat’Images.

Ses photographies ont remporté plusieurs prix au Canada sans oublier un premier prix au concours photo international 2012 Festival de l’oiseau, en Europe. Même s’il se considère choyé de voir son travail reconnu, Michel Bury ne souhaite pas délaisser son gagne-pain pour se consacrer entièrement à son dada. Il est heureux de ne pas vivre avec la préoccupation constante de devoir rentabiliser sa passion et de plaire au client : « Il y a une vision romantique du photographe professionnel de nature, mais, dans la réalité, ce n’est pas jojo tous les jours. Un tiers de leur temps, ils font de la photo. Le reste, c’est de la mise en marché et du démarchage. »

 

Une passion contagieuse

Après avoir fait de la prise de vue intensivement durant plusieurs années, Michel Bury se consacre maintenant davantage à des activités de rayonnement. En plus de participer à divers concours et d’exposer ses œuvres, il fait la tournée des clubs photo pour donner ateliers et conférences. « Ce sont des choses que je n’aurais jamais imaginé faire et c’est la photo qui m’a amené à ça. Je suis un gars qui aime communiquer, j’ai étudié là-dedans, » s’enthousiasme ce dernier en évoquant son baccalauréat en communication et rédaction.

Lors de ses voyages, la photographie reprend toutefois ses droits. Au Costa Rica, en Alaska, sur la côte du Maine, en Islande et à Yellowstone, son équipement était à ses côtés pour garder une trace des cascades, des sources d’eau chaude, desgrizzlis, des oiseaux de proie, des singes et des crocodiles croisés en chemin. M. Bury se considère privilégié d’avoir une compagne compréhensive le laissant vivre pleinement sa passion. « J’ai eu la chance que Diane me soutienne là-dedans.

Au début, quand j’installais mon  trépied, elle ouvrait son livre et lisait. Depuis qu’elle fait de la photo abstraite, c’est moi qui attends parfois », lance-t-il en riant. Des moments inoubliables Les escapades à l’étranger du couple ne sont pas de tout repos. Michel Bury n’hésite jamais à s’extirper du lit aux aurores afin de photographier un lever de soleil en haute montagne. Ses efforts lui donnent l’occasion de vivre des moments inoubliables.

« Une photo, au mieux, c’est une évocation. Ça ne rend jamais l’expérience multidimensionnelle, émotionnelle, même spirituelle vécue sur place », affirme l’artiste. Cette rigueur est également perceptible dans l’éthique de travail de l’Ahuntsicois. Il se fait un point d’honneur de ne jamais présenter des clichés ayant subi des manipulations informatiques majeures. La lumière, les formes et les couleurs sont fidèles à la réalité.

À son propre code professionnel s’ajoute le respect de la nature. Pour lui, il est impensable de brusquer un animal ou de le nourrir pour obtenir une image impressionnante sans devoir faire preuve de patience.

Inspirants, les propos de Michel Bury prêtent à réfléchir. En se racontant, il présente la photographie sous son meilleur jour. D’après ses histoires, le Huitième art permet d’apprendre des leçons de vie. « Quand j’ai une attitude d’ouverture et de disponibilité intérieures, il y a toujours quelque chose qui arrive. Souvent, ce n’est pas ce que j’ai prévu, mais c’est toujours un cadeau. »