Les organismes communautaires crient famine

Éric Cyr, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 24 octobre 2016

Les organisations communautaires de la Côte-Nord réclament davantage d’aide de Québec et préparent un front commun pour exiger une aide financière accrue du gouvernement de Philippe Couillard. Ces associations font valoir qu’elles souffrent de sous-financement chronique depuis plusieurs années et ne parviennent plus à remplir leur mission de façon adéquate. Plusieurs ont dû se résigner à sabrer leurs services alors que d’autres ont carrément dû fermer boutique.

Excédés de réclamer depuis longtemps et sans succès un meilleur financement de leurs activités, les groupes communautaires et populaires québécois en général et nord-côtier en particulier passent à l’attaque et vont exprimer leur ras-le-bol de façon tonitruante afin de tenter de parvenir à se faire entendre du gouvernement libéral qui fait la sourde oreille à leurs revendications. Le collectif qui regroupe une centaine d’organismes affirme que le gouvernement Couillard ignore leurs aspirations légitimes. Le front commun communautaire exige de Québec une hausse de leur financement de base. Le sous-financement endémique de leurs activités accompagné d’une augmentation de la charge de travail, des coupures en services sociaux et de l’étendue du territoire à desservir en ce qui concerne la Côte-Nord, fait des ravages au sein des organismes de la région. Le regroupement tiendra des actions perturbantes et dérangeantes dans le cadre d’une campagne qui se déroulera du 7 au 9 novembre prochains à l’échelle du Québec afin de mettre en lumière les réalités que vivent ces formations populaires.

 

Triste constat

Selon un sondage, 59 % des organisations ont dû faute d’argent abandonner des services et spécifiquement sur le territoire nord-côtier, 39 % doivent fermer leurs portes durant 12 semaines ou plus faute de moyens pour offrir leurs services à l’année. Le regroupement exige le rehaussement significatif du financement global du réseau communautaire québécois (le manque à gagner annuel sur la Côte-Nord est évalué à 6,5 millions de dollars) et réclame également une reconnaissance de l’action communautaire autonome comme moteur de progrès social ainsi qu’un réinvestissement majeur dans les services publics et les programmes sociaux. Une plus grosse enveloppe budgétaire annuelle permettrait aux organismes d’éviter le financement par projet spécifique, qui crée un effet pervers. La porte-parole du Regroupement des femmes de la Côte-Nord, Anne Gagné explique : « Avec le financement par projet, ce ne sont plus les membres qui décident des actions, ce sont les programmes. »

 

Entreprise de démolition orchestrée par les libéraux

Selon une porte-parole de la Table régionale des organismes communautaires (TROC) de la Côte-Nord, Nancy Lamontagne : « C’est une entreprise de démolition qui est en cours et c’est la population qui en paie le prix. » Un porte-parole de la Table des groupes populaires de Baie-Comeau, Michel Savard s’excusant à l’avance des désagréments et des inconvénients qui découleront de ces manifestations confie : « Même si ce n’est pas dans notre culture de mener des actions dérangeantes, on en est rendus à poser ce genre de geste et ça va déranger à la grandeur de la Côte-Nord. Ça ne fait pas notre affaire, mais on n’a pas le choix. » La coordonnatrice de TROC Côte-Nord, Cyndi Berger dénonce pour sa part des conditions de travail précaires, des mises à pied et des fermetures temporaires engendrées directement par ce sous-financement : « Il y a des employés qui doivent aller au chômage et on a des membres qui n’ont pas accès à leur groupe communautaire pendant un certain temps. »

Une importante proportion de la population nord-côtière utilise les services d’organismes communautaires qui constituent une ressource de première importance dans la région.