Martine Cabana mord dans la vie

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 21 septembre 2016

C’est une femme débordante d’énergie, souriante, s’apprêtant à faire une ronde de golf, qui a pris le temps de s’asseoir avec le journaliste du Journal régional Le Haut-Saint-François pour parler de son cancer du sein métastatique osseux. Atteinte depuis 2009 de cette maladie considérée incurable, Martine Cabana de La Patrie ne baisse pas les bras, au contraire, elle mord à pleines dents dans la vie.

Elle qui en est à son deuxième cancer, pour ainsi dire, se bat avec détermination et nourrit plein de projets. « J’ai eu le cancer du sein en 2002. J’ai eu le gros traitement. Je me suis payé la Cadillac, traitements de chimiothérapie, radiothérapie et la mastectomie d’un sein. J’ai été 7 ans en rémission, je n’y pensais plus. Pour moi, c’était un accident de parcours. En 2009, j’ai eu une récidive dans les os. On m’a dit que c’était le cancer du sein métastatique osseux. » Depuis ce temps, Mme Cabana subit régulièrement des traitements de chimiothérapie, d’abord en capsule pendant un an, par la suite intraveineux. La situation n’était pas rose, d’admettre l’enseignante de profession, qui a pris sa retraite en juin dernier. Son état s’aggravait, mal à la hanche, des métastases au sternum et ganglion à l’épaule. Son médecin, le Dr Michel Pavic, lui a parlé d’un traitement dispensé en France, le Kadcyla, mais qui n’était pas couvert par la RAMQ au Québec est maintenant remboursé par ce dernier. Mme Cabana suit ce traitement aux trois semaines, depuis 2015, et les résultats sont fort efficaces. « Après trois traitements, ma bosse à l’épaule a disparu, je n’ai plus de métastase au sternum et je n’ai pas de douleurs, pas de séquelles. J’ai reçu au moins 25 traitements et je vais passer un TEP scan. Je me croise les doigts. » Mme Cabana soupçonne que son médecin soit derrière les démarches d’entrevue. « Ça doit venir de mon médecin ça », dit-elle en souriant.

Mme Cabana admet que se faire annoncer ce genre de chose donne un coup. « Quand on reçoit la nouvelle, ça nous jette à terre. Moi, je me suis dit, je n’ai pas envie de mourir. Je fais confiance à la science, je suis quand même croyante. J’ai su m’entourer de bonnes personnes et j’avais de bons collègues. J’ai toujours mordu dans la vie et j’allais continuer. Il faut avoir confiance en la vie. Moi, j’ai réussi à enseigner à travers tout ça. Je pense que c’est là que j’ai été chercher ma force. Mes élèves me disaient Martine tu ne mourras pas, tu vas revenir. Je leur répondais bien oui, je vais revenir. Je me suis toujours dit que les élèves, c’est la vie. Mes problèmes n’étaient pas importants à côté des leurs. J’avais l’impression qu’ils avaient besoin de moi. J’ai trouvé ma motivation à travers mes élèves. Ça a peut-être aidé les élèves à se donner un petit coup de pied dans le derrière de voir que je me battais. » L’enseignante de profession n’a pas d’enfant, mais rétorque rapidement « mes élèves, ça été mes enfants. »

Se définissant comme une personne optimiste et positive, l’ex-enseignante qui garde contact avec certains élèves, histoire de voir leur évolution, mentionne « je dis qu’il ne faut pas lâcher. La recherche va vite dans le domaine du cancer du sein. On a beaucoup d’alternatives. Je suis chanceuse dans ma malchance, je n’ai pas d’organes vitaux d’atteints. Je n’ai pas de séquelles. Il n’y a pas de stop devant moi. La seule chose que je ne pouvais plus faire, c’est du ski alpin. » Amante de ce sport d’hiver, Mme Cabana songe à remonter sur les planches. « Mon médecin m’a dit que je pouvais faire du ski pourvu que je n’aille pas dans les bosses et pistes d’experts. Je vais voir. »

Celle qui enseignait à la Cité-école Louis-Saint-Laurent commence à savourer sa retraite bien méritée après 35 années d’enseignement. « Cet été, j’ai joué beaucoup au golf. Je veux suivre des cours d’espagnol, voyager et jardiner. Je profite de la vie et je veux faire du bénévolat. Je n’ai pas de planning. » Mme Cabana reconnaît que « la vie est fragile, mais je suis capable d’en profiter, je continue à boire du vin et faire des activités. Je dis aux gens de faire confiance à la vie, à la science et mordre dans la vie.»