Dominique Gobeil, La Vie d’ici, Shipshaw, septembre 2016
La tendance de l’agriculture urbaine commence à gagner de plus en plus d’adeptes dans la région, alors que le titre de «municipalité nourricière» se répand aux villages qui plantent des aménagements comestibles sur leurs terrains publics.
L’organisme environnemental Eurêko a commencé cette initiative il y a quelques années à Larouche et Saint-Monique. Il suffit de quelques bandes de terre accessibles à toute la population et de citoyens au pouce vert (ou qui n’ont pas peur de se salir les mains) qui suivront les indications des responsables du projet. Le tout est pensé selon le concept de permaculture, dans une perspective écologique et durable.
Les végétaux sont choisis spécialement pour leur résistance au climat nordique. On retrouve des fleurs comestibles, des arbustes fruitiers, des légumes, des fines herbes… Certains s’étonneront peut-être de pouvoir récolter des prunes, des kiwis ou des oignons égyptiens. Les plantes sont réparties comme dans un écosystème, si bien que même sans entretien, elles continueront de pousser et s’épanouiront d’année en année. Un avantage par rapport aux jardins communautaires, qui s’éteignent au même rythme que l’intérêt des citoyens. Les vivaces s’entraideront aussi entre eux selon leurs caractéristiques. Par exemple, l’un aidera son voisin à retenir l’eau et les nutriments dans le sol, tandis que l’autre repoussera les ravageurs. De belles relations biologiques harmonieuses!
Des liens se tissent aussi entre les humains. En effet, les aménagements comestibles sont mobilisateurs pour les communautés. Ils permettent de rapprocher les générations, avec des activités organisées avec les jeunes de l’école primaire voisine, et servent d’outils pédagogiques à ces derniers. Dans un monde où l’on ne sait pas à quoi ressembleront les ressources de la Terre dans une vingtaine d’années, c’est apaisant de savoir comment se nourrir de ce qui pousse dans la nature et comment l’entretenir.
Le terrain n’a pas nécessairement besoin d’être grand. À Saint-François-de-Sales, au Lac-Saint-Jean, c’est une véritable forêt nourricière qui a été aménagée, soit quelque 700 plantes sur 650 mètres carrés. Ailleurs, on parle plus souvent de quelques plates-bandes dans divers lieux stratégiques à travers la municipalité, comme l’église, l’école ou le centre communautaire.
La première forêt nourricière a été plantée dans le quartier Saint-Paul à Chicoutimi. Alma compte un jardin éducatif. Des groupes à Mashteuiatsh, Saint-Félicien et Saguenay ont sollicité Eurêko pour avoir leurs propres aménagements, alors que ceux à Sainte-Rose-du-Nord et Saint-Fulgence prospèrent. À quand des plates-bandes comestibles à Shipshaw, et pourquoi pas dans chaque district de la ville?