Dominique Boisvert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 24 août 2016
Le gouvernement fédéral consulte les Canadiens, d’ici le 31 août, sur leurs idées face aux changements climatiques (http://parlonsactionpourleclimat.ca/fr/). Et le ton est donné dès le vidéo d’ouverture: La science est claire !
À Paris, en décembre 2015, tous les pays se sont entendus pour limiter l’augmentation de la température à moins de 2 degrés Celsius d’ici 2100. Et grâce aux pressions des petits pays insulaires appuyés par la ministre canadienne de l’Environnement Catherine McKenna, l’objectif poursuivi a même été ramené de 2 à 1.5 degré !
De l’avis de tous les scientifiques, la situation est urgente et les conséquences d’un échec seront catastrophiques (fonte des glaciers, élévation du niveau de la mer, îles et rivages côtiers engloutis, migrations internationales massives, etc.).
Même si tous les pays du monde travaillaient dès maintenant à réduire sérieusement leurs émissions de gaz à effet de serre ou GES (ce qu’à peu près aucun pays n’a fait jusqu’ici, y compris le Canada), l’objectif fixé serait difficile à atteindre. Alors, imaginez si plusieurs pays se traînent les pieds !
Pour tous les pays, et encore plus pour les pays producteurs d’énergies fossiles comme le Canada, le dilemme est cornélien: on ne peut supprimer l’utilisation de ces énergies du jour au lendemain et le poids économique de ces industries est considérable (emplois, revenus fiscaux, etc.).
Pourtant, nous n’avons tout simplement plus le temps d’attendre. Le Canada doit agir, agir vite, et agir courageusement. Il doit mettre fin à toutes les subventions aux industries de «l’Ancien Monde» pour consacrer toutes ses subventions aux industries des «nouvelles énergies» compatibles avec une survie de l’humanité.
David Suzuki l’a dit on ne peut plus clairement: la seule attitude politiquement responsable face aux énergies fossiles serait de laisser celles qui n’ont pas été déjà exploitées «là où elles sont, sous terre ou dans la mer»; et à plus forte raison celles qui n’ont même pas encore été découvertes (donc, cesser toute exploration de nouvelles énergies fossiles, comme ce qu’on fait actuellement à Anticosti ou en Gaspésie).
Bien sûr, les industries déjà existantes ne vont pas cesser leurs opérations rapidement (dans les sables bitumineux ou autres énergies fossiles): un paquebot ne tourne pas «sur un dix cents». Mais c’est dès maintenant que le gouvernement canadien doit prendre une décision politique courageuse et faire preuve d’un leadership clair: mettre fin à tout programme gouvernemental qui prolonge l’utilisation des énergies fossiles (à tous les niveaux: transport, chauffage, entreprises, etc.) pour consacrer entièrement l’aide financière ou l’appui gouvernemental uniquement à des entreprises ou des projets qui vont assurer la transition vers des énergies propres.
De même, le gouvernement doit cesser d’envoyer des messages contradictoires: signer l’Accord de Paris et envisager l’approbation de projets de pipelines. On ne peut pas à la fois vouloir réduire les GES et approuver un oléoduc qui va permettre, pendant des décennies, d’augmenter la production de pétrole des sables bitumineux.
Enfin, le temps des mesures incitatives, modérées, graduelles, autorégulées par l’industrie, est terminé ! Depuis 20 ans (Protocole de Kyoto en 1997), la situation au Canada (et dans le monde) n’a pas cessé de se dégrader. L’émission de GES a augmenté de 47.3 % depuis 1990 dans le monde, et de 25.5 % au Canada durant la même période. Il ne faut plus se contenter de réduire l’augmentation (!) annuelle des GES, il faut de toute urgence commencer à réduire ces émissions de GES en chiffres absolus.
D’innombrables et puissants lobbies, économiques et politiques, vont chercher à vous convaincre du contraire, c’est évident. Mais la population canadienne et la population mondiale attendent de leurs gouvernements un signal clair et un leadership courageux. Tout autre choix politique est tout simplement irresponsable à l’égard de l’avenir de la planète et de nos propres enfants et petits-enfants.