Photo : Courtoisie

Pascal Plamondon aux Jeux olympiques d’été

Richard Lareau, Aux quatre coins, Ascot-Corner, août 2016

Pascal Plamondon, un Ascotois de 23 ans, est le seul haltérophile masculin à porter les couleurs du Canada aux jeux olympiques de Rio qui se tiennent du 5 au 21 août. Et c’est lors des jeux Panaméricains 2016 que le Canada a mérité la dernière place permettant d’envoyer un athlète aux jeux olympiques. Le Canada a récolté 118 points, devançant le Venezuela par un point et le Chili par deux. « Je ne remercierai jamais assez les membres de l’équipe canadienne qui ont contribué à obtenir le dernier laissez-passer pour envoyer un athlète aux jeux », avoue Pascal. Il faut dire que la Fédération internationale d’haltérophilie est très pingre quant au nombre d’athlètes qui peuvent participer aux jeux olympiques. « D’une certaine façon, c’est très bien, car ça évite de retrouver aux jeux des athlètes qui n’y ont pas vraiment leur place. Il est déjà arrivé qu’un haltérophile de ma catégorie ne soulève que 40 kg. »

 

Un long chemin
Le parcours d’haltérophile de Pascal a débuté en 2006 alors qu’il fréquentait l’école Le Ber de Sherbrooke. À l’heure du dîner, Gilles Poirier, l’entraîneur du club d’haltérophilie faisait des démonstrations. Quoi de plus palpitant pour un jeune homme de 13 ans que de défier ses amis pour déterminer lequel soulèvera les charges les plus lourdes. Au fil du temps, le club déménage ses pénates à l’école du Phare et devient le Club Atlas. Depuis le début, c’est Gilles Poirier qui entraîne Pascal. « J’ai une confiance totale en mon entraîneur. Il est très compétent. Lors des compétitions importantes, il sait toujours bien me préparer et il sait toujours quoi dire, quoi faire avant, pendant et après les compétitions. Il s’occupe vraiment de tout. Je n’ai à me soucier de rien, je me concentre à lever ma charge. J’ai un grand respect pour cet homme qui doit prendre congé de son travail chez Domtar pour me suivre en compétition. Lorsque j’étais aux études à l’extérieur, il préparait mon plan annuel d’entraînement et me suivait à distance. »

En 2010, Pascal commence à rêver aux olympiques. En 2011, il participe aux compétitions de la Fédération internationale du sport universitaire où il termine en 18e position. Il terminera en onzième position chez les 77 kg au championnat du monde junior en 2012. Mais, c’est en 2013-2014 que ses performances s’améliorent significativement. Aux Championnats du monde seniors en 2013, il termine 20e chez les 85 kg et 37e en 2014. Il a connu du succès sur la scène internationale aux Jeux du Commonwealth de 2014, où il soulève 333 kg, comme le concurrent qui termine deuxième (sa performance lui vaudra cependant une médaille de bronze, son adversaire étant plus léger). Aux Championnats canadiens de 2014, il bat un record qui tenait depuis 1996 en levant 156 kg à l’arraché. Il conservera son titre en 2015. Il établit des records canadiens aux Jeux panaméricains en 2015 avec 157 kilos à l’arraché et 186 kilos à l’épaulé-jeté pour un total de 343 kilos. Le 2 avril 2016 à La Prairie, lors des qualifications aux Jeux panaméricains, il bat son propre record avec un total de 344 kg. « À Rio, j’aimerais bien atteindre le total de 345 kg et me classer parmi les 12 premiers », explique Pascal. Reste à savoir s’il devra améliorer sa charge à l’arraché ou à l’épaulé-jeté. « En théorie un haltérophile qui lève 157 kg à l’arraché devrait lever plus de 190 kg à l’épaulé-jeté. D’une certaine façon, c’est flatteur parce que l’arraché est plus technique.

J’ai donc amélioré la précision du geste et augmenté la vitesse avec laquelle je me place sous la barre ». C’est aussi difficile de prévoir à quelle position il terminera l’épreuve. Si le nombre de places est très limité par pays, rien ne laisse présager dans quelle catégorie chaque pays enverra ses athlètes. Il peut aussi bien y avoir 16 participants que 40 chez les 85 kg. Il faut mentionner aussi qu’à l’intérieur d’une même catégorie de poids, il peut y avoir des athlètes mesurant de huit à dix pouces de moins que Pascal. C’est donc dire qu’avec une masse musculaire identique certains athlètes bénéficient de bras de levier beaucoup plus courts d’où un avantage considérable dans cette discipline.

 

La préparation
Pour respecter la limite de poids de sa catégorie, Pascal doit adopter de saines habitudes de vie et une alimentation équilibrée. Environ trois semaines avant chaque compétition, il doit surveiller un peu plus ce qu’il mange, coupant, entre autres, le sel qui favorise la rétention d’eau, donc le poids. En haltérophilie, la pesée officielle se fait deux heures avant le début de la compétition. C’est donc dire que le poids d’un athlète inscrit chez les 85 kg et moins ne dépassera pas 85 kg au moment de sa prestation. De son propre aveu, Pascal n’a pas vraiment de difficulté à contrôler son poids.

Pour atteindre un tel niveau, l’entraînement prend une importance capitale. En préparation des olympiques, chaque semaine, Pascal fait deux entraînements de musculation d’une heure et demie à l’Usine Crossfit Sherbrooke et jusqu’à huit entraînements de deux heures et demie en haltérophilie au Club Atlas. Pendant l’année, il participe à des compétitions de crossfit pour le plaisir. C’est Caroline Messier, sa conjointe depuis deux ans qui l’a incité à participer à de telles compétitions. « Pour nous, le plaisir de concourir ensemble à de tels événements était une grande motivation. De plus, c’était amusant de se lancer des défis. Si je participais à des compétitions de crossfit, je lui lançais un défi de participer à des compétitions en haltérophilie. Défi qu’elle relevait avec plaisir », mentionne Pascal. Il faut dire que Caroline a complété deux années d’études au baccalauréat en intervention sportive à l’Université Laval.

Elle a une excellente connaissance du corps humain et des méthodes d’entraînement. Elle accompagne régulièrement Pascal à l’entraînement. Tout en s’entraînant elle-même, elle le soutient dans sa poursuite de l’excellence. « Le soutien de la famille, des amis et des proches est très important. Ma mère (Natalie Lavallée) et mon père (Jocelyn Plamondon) m’ont toujours soutenu, encouragé et motivé. Je leur en suis très reconnaissant », signale Pascal.

Avec un tel volume d’entraînement, aucun athlète ne peut travailler à temps plein. Pascal se considère chanceux de pouvoir vivre à la maison et poursuivre son rêve olympique. Il est diplômé du programme de techniques de sécurité incendie du cégep Montmorency et travaille comme pompier sur appel pour la Régie intermunicipale d’incendie de la région d’East Angus, Ascot Corner et Westbury. D’ailleurs, la nuit précédant l’entrevue pour cet article, il a reçu un appel pour un feu et a quand même répondu de bonne grâce à toutes mes questions. Lors de l’incendie majeur de 2013 à Lac-Mégantic, il était pompier volontaire et il a fait un travail exemplaire. Pendant l’année, il travaille à temps partiel avec son père pour Les Excavations Jocelyn Plamondon.

 

L’hérédité et le dopage
Conscient que plusieurs athlètes s’entraînent consciencieusement et ont de bonnes habitudes de vie sans jamais avoir l’occasion de participer à des compétitions importantes, Pascal reconnaît que l’hérédité a été assez généreuse avec lui. « Mon oncle Jerry Plamondon a joué avec les Canadiens de Montréal de 1945 à 1951. À 5 pieds 8 pouces et 170 livres, il n’était certainement pas le plus gros, mais il avait du nerf. Ça m’a pris pas mal de temps à battre mon père au bras de fer », ajoute Pascal en riant. « Il a toute une paire de mains et des avant-bras assez impressionnants ». Au sujet de certains athlètes qui ont recours à des substances illicites, Pascal considère qu’ils hypothèquent leur avenir. « J’ai l’intention de vivre vieux avec une belle qualité de vie, une famille, des enfants…

De toute façon, le programme canadien antidopage (PCA) est à l’avant-garde du domaine et l’Institut Armand-Frappier de Montréal est probablement le meilleur laboratoire de dépistage au monde. » Ce n’est pas pour rien que l’Agence mondiale antidopage (AMA) a son siège social à Montréal. Pascal est arrivé à Rio le 3 août et y restera jusqu’au 23. Ces 20 jours dans la deuxième plus grande ville du Brésil ne l’effraient pas du tout. « Je crois que les problèmes liés à la sécurité ont été exagérés par les médias en quête constante de sensationnalisme ». Le séjour dans une ville de 6,1 millions d’habitants demande quand même certaines précautions élémentaires.

« Après Rio, je prendrai un certain temps de récupération. Le corps en a besoin. On ne peut pas toujours solliciter la machine à fond, il faut un peu de repos. J’en profiterai pour aller pêcher ou chasser avec les amis, réels plaisirs que l’on ne peut toujours se permettre pendant la préparation à des compétitions importantes », ajoute Pascal. Dans le futur, tout en étant pompier sur appel, il aimerait bien assurer la relève de l’entreprise de son père, Les Excavations Jocelyn Plamondon. Il aimerait éventuellement acheter la maison familiale, car il considère qu’Ascot Corner représente un beau milieu de vie, que la nature y est belle tout en étant à proximité de tout. Question de garder la forme et de se garder près de la nature, il s’est acheté une terre à bois à Piopolis avec son père.