Gabriela Jakubovits, Vues sur la Bourgogne, Montréal, été 2016
Des jeunes du quartier se mobilisent depuis un an pour la survie de l’Atelier 850, leur organisme communautaire, qui a connu une crise financière et organisationnelle l’an passé.
Leur vision est claire: l’organisme va survivre et donnera l’exemple aux autres dans le milieu. Lorsqu’ils ont découvert l’ampleur des difficultés en 2015, les animateurs et les bénévoles de l’organisme ont été surpris, mais n’avaient pas l’intention de mettre la clé dans la porte. Alors ils ont commencé à mobiliser et rappeler d’anciens animateurs et participants pour mettre la main à la pâte. Jean Addlaire Gaëtan et Naasson Sénatus ont décidé de s’impliquer au conseil d’administration. Ils ont vite vu que la problématique de l’organisme n’était pas seulement financière, mais aussi organisationnelle.
Aide du milieu
Les jeunes ont fait appel aux partenaires du milieu : des organisateurs communautaires du CLSC St-Henri, la Maison des jeunes l’Escampette et l’OMHM. D’autres sont venus aider, incluant d’anciens employés et Leslie Touré Kapo, unétudiant au doctorat qui a joué le rôle de directeur par intérim.
Les « anciens jeunes » répondent à l’appel
Le CA compte d’autres « anciens jeunes », comme on les appelle ici: des jeunes adultes qui, comme Jean, Bradley et Naasson, ont grandi à l’Atelier 850. Une de ces «anciens jeunes », c’est Nicole Cuevas Vargas, qui est passé d’enfant à bénévole à employé à l’Atelier 850. Maintenant membre du CA, cette étudiante en comptabilité a aidé à mettre en place un nouveau système comptable pour l’organisme. « On était toutes des personnes qui avaient connu l’Atelier à son meilleur, alors c’était facile de retrouver une structure fonctionnelle pour nous », affirme Jean Addlaire, un « ancien jeune » dans la vingtaine, maintenant père de deux jeunes enfants, résident d’une nouvelle coopérative d’habitation dans Griffintown et co-fondateur de la coopérative audiovisuelle Great Things Studios. « Nous avons décidé de prendre les forces et les faiblesses des gens déjà en place et de structurer autour de ça. Une des premières actions que nous avons faites avec tous les bénévoles et stagiaires a été de clarifier et vulgariser le tout et puis leur permettre de participer. »
Selon Naasson, « c’était facile de ramener les gens parce que leurs liens avec l’Atelier n’ont jamais été coupés. » Les jeunes passent plusieurs années dans l’organisme, qui devient comme une deuxième famille pour eux.
Apprendre et redonner
Bradley Gaëtan, le frère de Jean, travaille comme coordonnateur du volet enfant « J’ai grandi dans le quartier, c’est ici que j’ai tout appris. Pour le moment, c’est ma manière de redonner. »
Naasson, qui coordonne le volet ados, s’implique «… à cause de l’expérience que j’ai eue ici, des amis que je me suis faits, des apprentissages que j’ai faits ici… je veux que d’autres jeunes en bénéficient. » Le jeune homme avait sa propre entreprise avant de retourner à l’Atelier 850. Il prévoit rester aussi longtemps qu’on aura besoin de lui. Pour Jean Addlaire, c’est simple. «Ça prend un village pour élever un enfant » affirme-t-il. Et pour lui, ce village, c’est la Petite-Bourgogne. Ses nombreuses implications dans le quartier, il les qualifie d’éducation continue. « J’apprends sur moi-même, je me développe, je m’aiguise … et je pense que je peux devenir un modèle pour les jeunes. L’Atelier 850 a été ma première maison, alors il est important pour moi qu’elle reste debout. »
Les coordonnateurs veulent augmenter les services de l’organisme et impliquer les parents davantage. Ces « anciens jeunes » visent haut. « Pourquoi pas le Bain Hushion? » lance Bradley, en parlant du bâtiment historique abandonné sur la rue des Seigneurs, qui abritait autrefois un bain public. Le financement reste un grand défi. Les jeunes veulent innover, trouver de nouvelles sources de revenu et créer des emplois dans la communauté.
Un organisme pour les enfants du quartier
En 2015, l’Atelier 850 a accueilli 32 enfants dans son programme parascolaire, 27 enfants dans son camp d’hiver et 28 enfants dans son camp de jour d’été, ce qui représente environ la moitié du nombre d’enfants habituel les autres années. L’Atelier 850 existe depuis 15 ans. Son ancienne directrice et fondatrice, Ann Dynes, y a investi énormément d’énergie pour répondre à un besoin criant dans le milieu et accompagner les enfants issus de familles vivant en HLM.