Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mai 2016
« Le conseil municipal n’aime pas son centre-ville ». L’affirmation n’est pas de moi, mais je l’ai entendue à plusieurs occasions ces dernières années, notamment venant de commerçants.
Non, ce n’est pas parce que Saint-Hyacinthe a « barré » les bars de danseuses dans ce secteur, ou encore, plus récemment, qu’elle s’est opposée à la venue d’un club échangiste sur l’avenue Mondor. C’est plutôt en raison de petites décisions qui s’accumulent et qui finissent par ratatiner le coeur de la ville. À tel point qu’un rapport, commandé par les élus municipaux, affirmait que son centre-ville était « désuet », voire « inexistant ».
Parmi ces petites choses, il y a la réglementation municipale sur l’affichage des commerces qui en turlupine plus d’un. On reçoit des amendes salées lorsqu’on en déroge le moindrement. Et les normes de sécurité pour les vieux immeubles : la facture doit être astronomique pour remettre à niveau ces édifices patrimoniaux tout en préservant leur cachet.
Et enfin, les fameux horodateurs qui se sont dressés sur plusieurs artères, ces parcomètres haute technologie qui font fuir les clients potentiels. Si bien que le centre- ville se désertifie comme un jardin qui manque d’eau. La SDC (Société de développement commercial) a bien présenté un projet pour lui redonner vie. L’aménagement d’un lieu d’animation, situé sur le terrain vacant en face du marché public, était une bonne idée. Mais la Ville l’a ignorée, préférant laisser au privé la vocation de ce lieu historique. Aujourd’hui, la place est toujours déserte.
Pourtant, il y a quelques années, on parlait encore de faire du centre-ville un important « pôle culturel ». On avait le projet d’aménager le nouveau centre culturel près du Centre des arts Juliette-Lassonde. Sans tenir compte des demandes formulées à maintes reprises par un groupe de commerçants et de citoyens, le conseil municipal a plutôt privilégié le secteur La Providence.
Un autre dossier traîne sur les tablettes depuis quelques années, celui d’un Complexe culturel maskoutain regroupant le Centre Expression, le Centre d’histoire, la Médiathèque et un éventuel Musée régional. Bien que plusieurs représentations ont été faites auprès des élus, le projet stagne.
Comme la rénovation de la Promenade Gérard-Côté qui a été remise aux calendes grecques. Même si cette voie piétonnière, en bois, est abimée au point d’en devenir presque dangereuse, on reporte les délais puisque cela ne semble pas être une priorité. Manifestement, la priorité du maire et du conseil se situe plutôt au nord de la ville. Une sorte de Plan Nord maskoutain. Bien sûr, la disparition de l’Hôtel des Seigneurs a donné un grand coup. La Ville n’avait pas le choix de s’en préoccuper, compte tenu du désastre économique que cela engendrait, spécialement pour le tourisme d’affaires. On a donc décidé de s’impliquer à fond dans la construction d’un centre des congrès et d’un hôtel de luxe. Or, la Ville investit des millions dans un partenariat public-privé dont la complexité — et les partenaires impliqués — en a rendu plus d’un perplexe. Un peu comme un certain Plan Nord du gouvernement libéral précédent qui avait été annoncé en grande pompe et dont on n’entend plus parler.