Éole Québec : Partenariat communautaire

Pierre Beaudoin, L’Action de l’Est, Rimouski, mai 2016

En mars dernier, l’annonce de la mise à pied d’une quarantaine d’employés à l’usine d’Enercon de Matane m’a offert l’occasion de revoir, en pensée, le développement de la filière éolienne en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent.

Peu de gens s’en souvienne, mais le dossier éolien émergea au début du millénaire avec en toile de fond, la fermeture de Murdochville. Elle fût sauvée in extrémis par le gouvernement Landry avec une entente de gré à gré entre Hydro-Québec et des promoteurs privés – le principal étant 3CI, déjà impliqué dans le projet Le Nordais à Cap-Chat – afin d’ériger deux parcs éoliens de 54 MW chacun sur les monts Copper et Miller. Sans redevance pour la municipalité, faut-il le rappeler.

Puis, il y a eu l’échec de la relance de la Gaspésia et la contestation citoyenne contre le projet de centrale thermique du Suroît qui donna un sérieux coup de pouce au premier appel d’offres d’Hydro-Québec pour l’achat de 1000 MW d’énergie éolienne. On peut dire sans exagérer que la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, dans une moindre mesure, furent les laboratoires du développement de l’éolien au Québec : des municipalités laissées à elles-mêmes contre des promoteurs de l’Ouest, des Holdings issus du secteur pétrolier. Plusieurs propriétaires fonciers ont été floués à l’époque, cédant des droits sur leur propriété durant 50 ans pour aussi peu que 650 $! J’ai participé avec Martin Gagnon, de la CDR-Bas-St-Laurent/Côte-Nord, à la mise sur pied de plusieurs coopératives en énergies renouvelables. L’objectif était de regrouper les propriétaires fonciers, surtout des agriculteurs, pour leur fournir un meilleur rapport de force face aux promoteurs privés.

C’est suite au premier appel d’offres d’Hydro-Québec qu’émergèrent les concepts de partenaire communautaire et d’acceptabilité sociale. Certains élus municipaux ont vite compris comment tirer parti des futurs appels d’offres d’Hydro-Québec. En devenant partenaires des projets, ils s’assuraient non seulement des redevances, mais également une participation aux bénéfices. Les MRC, elles aussi en manque d’argent, n’étaient pas pour laisser passer le vent d’Éole. En fédérant les municipalités dans des régies intermunicipales, nos élus pouvaient miser sur plusieurs projets à la fois, s’assurant ainsi de meilleures chances de remporter l’appel d’offres.

Par la même occasion, ils faisaient d’une pierre deux coups. D’abord à titre de promoteur communautaire (en s’assurant des revenus), puis à titre d’élus, ils assuraient l’acceptabilité sociale tant recherchée par les promoteurs privés. C’était la combinaison parfaite : on élimine la compétition et la contestation des projets éoliens. Ceci explique pourquoi, dans le projet de parc éolien Nicolas-Riou, les Îles-de-la-Madeleine figurent parmi les bénéficiaires des retombées économiques du projet.
 

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