Portrait d’un quartier en changement

Camille Antoine-Tremblay, La Quête, Québec, avril 2016

Le quartier Saint-Sauveur est situé dans la Basse-Ville de Québec. Délimité par le boulevard Langelier, la falaise de Québec, l’avenue Saint-Sacrement et la rivière Saint-Charles, l’ancien quartier ouvrier est en voie de modernisation, suivant la lancée de Limoilou et de Saint-Roch.

Saint-Sauveur, c’est aujourd’hui 16 100 habitants dans 4 km2 de petites rues serrées, remplies de résidences collées les unes aux autres. C’est des commerces variés et des restaurants aux saveurs du monde. C’est aussi un milieu où abondent les organismes communautaires œuvrant pour des causes diverses. Le tout englobe maintenant plus de 900 entreprises commerciales et industrielles.

 

Les marques du passé

 

En 1653, Jean Le Sueur, dit Monsieur de Saint-Sauveur, se voit concéder par l’Hôtel-Dieu de Québec les basses terres bordant la rivière Saint-Charles. À l’époque, le Faubourg Saint-Sauveur devient en quelque sorte la banlieue de Québec. Un important développement du quartier s’effectue au début du 19e siècle avec l’essor des chantiers navals, du commerce du bois et de l’activité portuaire. La grande demande de main-d’œuvre attire de nouveaux habitants qui s’installent dans des foyers précaires : Saint-Sauveur devient alors un quartier ouvrier.

Au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, la paroisse doit se remettre de deux incendies majeurs, qui ont provoqué des mouvements de population et laissé des milliers de citoyens sans abri. Les sinistrés sont alors pris en charge par l’Assurance mutuelle de Saint-Roch, qui fera d’ailleurs faillite à la suite de ces évènements. Plusieurs familles sont donc forcées de vivre dans des abris de bois pendant quelques mois. En réaction à ces catastrophes successives, la ville de Québec crée, en 1866, le Département du feu de la Cité qui aura comme mandat de coordonner la lutte aux incendies.

Saviez-vous que ?
Le boulevard Langelier est tel qu’on le connaît aujourd’hui à cause de l’incendie qui a ravagé Saint-Sauveur en 1885 : les flammes se propageant facilement d’un quartier à l’autre, la ville de Québec a ajouté au boulevard un large terre-plein central parsemé d’ormes d’Amérique, dans l’espoir de circonscrire le brasier.

Saint-Sauveur est annexé à la ville de Québec en 1889. Le quartier se développe alors très rapidement, profitant des services offerts par la Cité, tels que l’installation d’un réseau de distribution d’eau, de chaussées empierrées, d’une caserne de pompiers et d’un éclairage électrique. Le surnom du quartier, « faubourg des tuyaux », illustre bien ses allures modestes, alors que plusieurs habitations ont des tuyaux de tôle en guise de cheminées. Au plan de l’aménagement urbain, trois mouvements de revitalisation majeurs ont modifié l’aspect du quartier au cours des années :

? En 1974, le chemin de fer qui séparait le quartier Saint-Sauveur du parc Victoria est démantelé ;

? En 2006, le boulevard Charest Ouest est réaménagé sur 2,5 km : plantation d’arbres, élargissement des trottoirs et construction d’immeubles plus modernes.

? En 2007, la rivière Saint-Charles subit une véritable métamorphose avec la restauration de ses berges1.

Aujourd’hui, Saint-Sauveur compte neuf parcs de jeux et espaces verts où sont organisées, quelques fois par année, des activités pour les citoyens. Les parcs Victoria, Durocher ainsi que le parc linéaire de la rivière Saint-Charles ont subi de nombreux travaux de restauration et d’amélioration de leurs installations.

 

Le voisinage

 

Selon Statistique Canada, la population de Saint-Sauveur est caractérisée par une plus forte concentration de jeunes âgés de 20 à 34 ans que dans le reste de la ville de Québec. Beaucoup de familles et de jeunes viennent en effet s’installer dans le quartier, et 51,5 % des familles y sont monoparentales, comparativement à 30,6 % dans l’ensemble de la ville.

Le quartier est également multiethnique : il est au troisième rang pour l’accueil d’immigrants dans la ville de Québec, après Sainte-Foy – Sillery–Cap-Rouge. Si les Européens, les Asiatiques et les Africains sont nombreux à s’installer dans Saint-Sauveur, des immigrants des Antilles, de l’Amérique latine et des États-Unis y sont aussi présents. Les commerces de ce quartier vieux de près de 400 ans sont à l’image de sa population : diversifiés, animés et multiculturels.

Depuis plusieurs décennies, l’artère Saint-Vallier est particulièrement vivante, avec ses façades de magasins donnant sur la rue. Des entreprises relativement anciennes et d’autres, tout récemment installées, y cohabitent. Depuis 2013, les commerces ont l’obligation de faire partie de la Société de développement commercial Saint-Sauveur ; cette initiative a été instaurée dans l’optique de relancer l’économie de ce quartier en pleine transformation.

 

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