Manque de financement des organismes à but non lucratif : Place au Soleil souhaite ouvrir une ressourcerie

Gabrielle Chaumont, Contact, Témiscaming, le 31 mars 2016

L’Association Place au Soleil est en manque de financement. L’organisme à but non lucratif qui vient en aide aux personnes vulnérables de Témiscaming et de Kipawa recherche des solutions d’auto-financement pour parvenir à combler ses besoins et à remplir sa mission. En ce moment, elle a pour projet la création d’une ressourcerie qui lui permettrait d’offrir plus de biens à bas prix en dehors des vêtements et de la nourriture.

Pour réaliser ce projet, Place au Soleil devra aménager le sous-sol de son édifice de sorte à pouvoir y entreposer divers objets qui seront destinés aux personnes en situation de vulnérabilité ou de pauvreté. Les objets acceptés seront de petits articles comme des livres, des jouets, de la vaisselle, des accessoires de cuisine et des décorations. L’espace ne permettra pas d’entreposer des meubles et des électroménagers, mais l’organisation indique qu’elle est à la recherche d’alternatives pour permettre la vente de ces gros articles. L’entreposage à un autre endroit ou chez le particulier qui met le meuble en vente est l'une des options envisagées.

En plus de mettre à la disposition de sa clientèle des produits à moindre coût, de réduire le nombre de déchets qui risquent de se retrouver à l’enfouissement et d’aider certaines personnes à intégrer le marché du travail, ce projet de ressourcerie permettrait à Place au Soleil d’augmenter ses revenus. Actuellement, le montant d’argent amassé et retourné dans la collectivité est en moyenne de 200$ par mois. Le projet étant à ses tout premiers balbutiements, aucune date d’ouverture n’a été avancée.

L’organisme souhaite aussi développer de nouveaux outils comme un site internet et d’autres services, comme par exemple une vitrine pour les artisans locaux. Portrait d’une situation financière précaire Place au Soleil reçoit une seule somme annuelle récurrente d’environ 6 154$ provenant du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT). Centraide lui octroie environ 12 000$ par année, mais puisque cette somme n’est pas récurrente, elle n’est pas toujours garantie. De plus, selon la coordonatrice de l’Association Place au Soleil, Caroline Langlais, le contrat avec Centraide ne permet pas aux organismes communautaires de tenir leurs propres collectes de fonds entre les mois de septembre et de décembre.

L’Association est aussi supportée par 28 partenaires (entreprises et organisations communautaires et municipales) qui lui font régulièrement des dons. Malgré tout, ceci n’est pas suffisant pour pallier à tous ses besoins. Mme Langlais indiquait que trouver une nouvelle source de financement demeure la plus grande priorité : «Si notre situation ne s’améliore pas, on va devoir fermer». La situation de Place au Soleil est non seulement peu reluisante du côté financier malgré une bonne gestion, mais aussi pour ce qui est des besoins croissants dans la communauté, selon Mme Langlais : «En 2015, 533 personnes – et on parle de personnes individuelles – sont venues nous voir. Considérant que nous desservons une population d’environ 3 173 personnes, ça représente 17%», expliquait-elle, ajoutant que les services de l’organisme vont au delà du comptoir de vêtements et de la banque alimentaire puisqu’il offre un soutien moral aux personnes en situation de crise, isolées, qui ont des limitations fonctionnelles, qui sont victimes d’agressions sexuelles ou qui suivent un processus de réinsertion sociale.

En 2015, Place au Soleil a redirigé 41 personnes vers d’autres services ou organismes plus appropriés à leur situation. Du côté de la banque alimentaire, les demandes de paniers ont augmenté de 62,5%. Finalement, l’Association a rapporté une hausse des cas de prostitution, de violence conjugale, de toxicomani et de séparation de couples. «Oui, il y a de la prostitution à Témiscaming. Mais les gens ont les yeux fermés», expliquait Mme Langlais. La coordonnatrice a indiqué que Place au Soleil procèdera à une campagne de sensibilisation pour améliorer son financement afin d’éviter sa disparition. Selon elle, le manque d’investissements dans les organismes à but non lucratif est une cause de la dévitalisation des petites communautés car les services de soutien disparaissent: «Il y a une enveloppe pour les organismes communautaires et pas une cent n’y a été ajoutée depuis huit ans», déplorait-elle.

Mme Langlais a même rencontré le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et ministre responsable de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, Luc Blanchette, pour lui faire part de ses préoccupations. Elle s’est dite déçue de la réponse du ministre : «Il n’a pas été capable de nous promettre son soutien. Il a dit qu’il allait penser à des pistes de solution, mais je ne pense pas que c’est lui qui va nous aider. Il n’a pas non plus appuyé la demande de rehaussement», indiquait la coordonnatrice. Luc Blanchette a pour sa part confirmé qu’il est à la recherche de solutions. Bien qu’aucune décision n’a été prise pour le moment, il a manifesté son désir d’aider Place au Soleil : «C’est une excellente organisation dont Témiscaming peut être fière. C’est une très bonne mission pour ce qui est de l’alimentation et des vêtements», a indiqué M. Blanchette.

Mme Langlais souhaite aussi que les municipalités de Témiscaming et de Kipawa fassent leur part pour soutenir l’Association. Elle espère également trouver de nouveaux partenaires et souhaite fortement que Tembec, la plus grande entreprise en ville, s’implique dans la mission : «Nous leur avons fait parvenir des lettres mais il semble qu’elles ne se rendent peut-être pas au bon endroit. Certains de leurs employés ont recours à nos services car ils sont au chômage ou en «burn-out»», ajoutait-elle.

Du côté de Tembec, le directeur principal des ressources humaines, Jacques Sztuke, a indiqué que l’entreprise n’a pas pris position sur ce dossier pour le moment, mais il a invité Place au Soleil a contacter la direction.
 

classé sous : Non classé