L’aide alimentaire en Mauricie et
au Centre-du-Québec
Geneviève Marchand, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, avril 2016
En mars 2015, le réseau Les Banques alimentaires du Québec notait que le nombre mensuel de demandes alimentaires d’urgence avait augmenté de 100 000, ce qui portait à 1,7 million le nombre de demandes faites chaque mois au Québec.
Dans notre région, les organismes membres de Moisson Mauricie / Centre-du-Québec (MCDQ) ont pour leur part relevé dans leur bilan 2015 une hausse de 2700 du nombre mensuel de demandes d’aide alimentaire. Ainsi, chaque mois, 18 800 personnes, dont 5 920 enfants, font appel aux services d’aide alimentaire offerts par les 69 organismes membres de Moisson MCDQ. À cela s’ajoutent les 30 006 repas et 15 149 collations préparés avec des aliments fournis par Moisson MCDQ.
Depuis 2008, Moisson MCDQ a constaté une hausse de 7 200 des demandes mensuelles présentées aux organismes membres. Le visage des personnes qui ont recours à l’aide alimentaire a également changé au fil des années. On y dénombre davantage de personnes en emploi ou prestataires d’assurance-emploi (7,4 %), d’étudiants (3,3 %) et de prestataires de pension de vieillesse (4,9 %) en mars 2015.
Les services d’aide alimentaire sont variés (distribution ali-mentaire, dépannage alimentaire d’urgence, tablée populaire, repas en hébergement, collations pour les écoles ou les garderies, popote roulante, paniers de Noël, cuisine collective, jardin communautaire ou collectif, groupe d’achats) et plusieurs organismes offrent une large gamme de services pour mieux répondre aux besoins des ménages.
En 2014-2015, Moisson MCDQ a récupéré près de 2 millions de kilos de nourriture. Ces denrées proviennent entièrement de dons remis par les producteurs, les grossistes, les transformateurs, les détaillants et la population. Les arrivages régionaux, qui comptent pour 30 %, diminuent depuis plusieurs années, notamment en raison de la centralisation des opérations des entreprises dans les grands centres. En revanche, son affiliation aux réseaux Banques alimentaires Canada et Les Banques alimentaires du Québec permet à Moisson d’avoir accès à des dons qui proviennent principalement de l’extérieur de la Mauricie et du Centre-du-Québec (70 % dela nourriture). Les associations provinciales et nationale ont conclu des ententes avec des entreprises qui effectuent des productions spécialement pour les banques alimentaires (ex. : Catelli), avec le Conseil des industriels laitiers du Québec pour un programme de dons dédiés de lait et de produits laitiers aux Moissons du Québec ainsi qu’avec la Fédérationquébécoise des producteurs de fruits et légumes de transformation et Bonduelle Amériques pour le programme «Don de légumes de transformation «, implanté en 2014 .
Malheureusement, plusieurs catégories de produits, particulièrement les viandes et substituts ainsi que les fruits et légumes frais, sontrarement reçues. Devant cet état de fait, des rencontres de concertation locales et régionales ont été organisées afin d’améliorer l’accès à ces produits. On trouvera dans l’article Moins de gaspillage alimentaire en Mauricie et au Centre-du-Québec la présentation d’un programme qui vise à combler une partie de ce manque.
Moins de gaspillage alimentaire en Mauricie et au Centre-du-Québec
Marie-Josée Routhier
Le Programme de récupération en supermarchés (PRS), premier du genre au Canada, propose une solution unique et durable aux problèmes de gaspillage alimentaire et de précarité alimentaire. Moisson Montréal, qui a développé le modèle, a été mandaté par Les Banques alimentaires du Québec pour signer des ententes provinciales de récupération des denrées invendues avec les épiceries. Moisson Montréal coordonne le déploiement provincial du programme avec les Moissons des différentes régions du Québec.
Depuis octobre 2015, Moisson Mauricie/ Centre-du-Québec (MCDQ) assure l’implantation du Programme de récupération dans des supermarchés de Trois-Rivières. Dans les prochains mois, le déploiement progressif du programme dans les autres épiceries de la Mauricie et du Centre-du-Québec pourrait permettre d’y faire adhérer 39 supermarchés Maxi, Loblaw, Provigo le Marché, Métro et Super C.
Dans un contexte difficile où le coût du panier d’épicerie augmente sans cesse et où les demandes d’aide alimentaire sont en hausse, cette initiative est très importante pour les deux régions. En plus de répondre à un besoin essentiel, se nourrir, le PRS permet de réduire la quantité de nourriture propre à la consommation envoyée à l’enfouissement. Ce programme est très motivant pour les membres de la direction et les employés des supermarchés participants, car il leur permet de constater que leurs actions ont un impact direct sur la communauté et les personnes en situation de pauvreté.
Le PRS répond à un besoin crucial : assurer un meilleur approvisionnement des organismes, particulièrement en viande et substituts ainsi qu’en fruits et légumes. Ces besoins avaient été clairement identifiés par les organismes dans le cadre des rencontres de concertation régionales et locales en sécurité alimentaire. Le comité régional en sécurité alimentaire de la Mauricie (Consortium en développement social de la Mauricie), la Table régionale des ressources en aide alimentaire du Centre-du-Québec et Québec en forme sont de fiers partenaires de cette initiative innovante.