Ouache! Je n’aime pas ça!

Judith Martineau, L’Écho de Cantley, Cantley, avril 2016

Ouache! Je n’aime pas ça!!! C’est dégueu! Moi, je n’aime plus le fromage! Ça vous dit quelque chose?

Sans posséder de statistiques précises sur le sujet, je vous dirais que pratiquement tous les enfants passent par cette phase, un jour!

Alors comment sortir de ce cercle infernal? La première chose à évaluer lorsque son enfant commence à faire des caprices à table est le gain qu’il en retire. Plus votre enfant gagne votre attention (même si elle est négative), plus vous embarquez dans une lutte de pouvoir et plus le comportement risque de se répéter, c’est sûr! De même, chez les enfants hypo-sensoriels ou particulièrement anxieux, plus l’expérience négative à table se répétera, plus l’angoisse empirera.

En fait, il faut plutôt tenter de diminuer la pression sur l’enfant. « Tu n’en veux pas, mon loup, c’est correct! » Rappelez-vous qu’il faut présenter un aliment de 10 à 15 fois à un enfant avant de pouvoir s’attendre à ce qu’il l’aime. La clé consiste donc à répéter, répéter, répéter l’expérience, mais en n’obligeant jamais l’enfant à finir son assiette ou à prendre un nombre x de bouchées.

Afin de mieux faciliter l’intégration d’un nouvel aliment, il peut être judicieux de l’accompagner d’une recette aimée et de l’offrir en mini portion. Si cela vous est encore possible, impliquez vos enfants dans la préparation des repas avec vous dès leur plus jeune âge. Plus l’enfant observe un aliment sous tous ses angles, plus il se sent impliqué – donc en contrôle – et plus le risque de caprice diminue!

Dans le même ordre d’idée, associer les enfants et les ados au choix du menu est toujours un moyen gagnant. Et rappelez-vous qu’il est toujours possible de rendre une recette « santé » pour ceux que cela inquiéterait. Des nachos? Pas de problème, on prend des tortillas multigrains, de la salsa maison, du blanc de poulet, on rajoute des légumes et du fromage! Des croquettes? On pane le poulet de Panko et on le cuit à la poêle dans un soupçon d’huile! Ce truc est particulièrement efficace avec les enfants qui font la grève de la faim!

Un autre truc qui s’avère efficace consiste à laisser son enfant remplir sa propre assiette, selon ce qu’il ressent. Souvent, une assiette remplie autant que celle d’un adulte peut vite devenir source de découragement pour un petit qui n’aime pas autant ce qui lui est présenté, malgré toutes ses bonnes intentions.

Parfois, avec les plus jeunes, un peu de psychologie inversée peut aussi détendre l’atmosphère et, par exemple, l’inciter à goûter aux brocolis. « Non non!!!! Ne mange surtout pas les arbres dans ton assiette, ce sont MES arbres!!!!!! Aïe, non je t’ai dit de

ne pas les croquer!!!!! » Vous avez éliminé les gains, vous avez essayé tous les autres petits trucs, mais pourtant ça ne fonctionne toujours pas? Si c’est le cas, il est probablement temps de faire une analyse de l’ambiance au moment des repas. Comment êtes-vous en tant qu’adultes au moment des repas? Encore stressés de votre journée au travail? De mauvaise humeur? Ouverts à la discussion et à l’écoute active, ou non? Est-ce que l’ambiance est détendue ou encore propice aux rires ou aux confidences?

Au contraire, est-ce que, vous parents, êtes à couteaux tirés? Prenez-vous le temps de parler? Si oui, est-ce pour traiter de points positifs ou plutôt pour sermonner Juliette sur sa mauvaise conduite à l’école aujourd’hui? Est-ce que vous énumérez les tâches de la soirée ou est-ce que vous rêvez en famille de vos prochaines vacances?

Le repas représente le moment idéal pour vous de servir de modèle sur la façon d’agir à table : les manières, la posture, les formules de respect. C’est aussi un moment précieux pour que vos enfants apprennent à respecter leur corps et leurs besoins. Apprenez à les écouter!

Mais avant tout, le repas devrait être un moment relationnel fort et agréable en famille. Tout le monde devrait être assis à table en même temps (ado ou pas!). C’est le moment de mettre votre cellulaire, votre tablette de côté et de vous raconter vos journées. C’est le moment d’écouter. Le moment de s’ouvrir.

 

classé sous : Non classé