La famille Alkabalan : Le Québec ouvre ses bras aux réfugiés syriens

Nacer Mouterfi, Journaldesvoisins.com, Montréal, avril 2016

Nos nouveaux voisins syriens, Wassef (47 ans) et son épouse Ikhlas (40 ans) avec leurs quatre enfants Louway (10), Éliane (15 ans), Kossaï (16 ans) et Kinan (18 ans) ont eu la douleur de quitter leur pays en pleine guerre meurtrière qui sévit en Syrie depuis 2011, et la chance de venir s’établir au Canada. Toute la famille Alkabalan est encore sous le coup d’une émotion indescriptible suscitée par ce grand élan de solidarité de leur nouvelle société d’accueil.

La famille Alkabalan est issue de la province de Deraa, au sud de la Syrie, d’où sont parties les contestations dans le sillage dudit « printemps arabe » de 2011. Au cours des quatre dernières années, ils ont vécu les moments les plus difficiles de leurs vies. Wassef, le père, explique avec un grand soupir : « À la suite de protestations de la population – pacifiques, à l’origine – pour un changement, du jour au lendemain tout a déboulé. Une guerre sans nom s’est installée avec son lot de violences sanguinaires et la destruction des biens matériels des Syriens ».

Wassef, un mécanicien d’engins lourds auprès du ministère de l’Agriculture, a quitté son emploi et les enfants ont quitté l’école. Étant de confession chrétienne, la famille était la cible privilégiée des groupes islamistes armés malgré la présence permanente de l’armée régulière syrienne dans la région. Wassef ajoute : « De plus en plus, la vie devenait insupportable, donc il nous fallait fuir, mais pour aller où…? » Repos et sécurité, enfin!

Grâce à son beau-frère Ziad installé au Québec depuis deux ans et grâce au soutien des soeurs oblates Franciscaines de Saint-Joseph, d’Ahuntsic-Cartierville, le rêve des Alkabalan est devenu réalité : ils ont enfin pu trouver le repos et la sécurité, même si c’est très loin de leur terre natale. Ils ne conservent désormais que des souvenirs et l’espoir que la Syrie retrouve un jour sa paix d’antan.

Dans leur appartement, loué grâce aux dons gérés par les Soeurs oblates, les membres de la famille Alkabalan ne manquent vraiment de rien. Ils sont au Québec depuis un mois et le patriarche Wassef ne sait pas comment exprimer sa joie pour toute la considération que la société d’accueil leur a manifestée depuis leur arrivée, le 29 janvier dernier. « Il ne se passe pas un jour sans qu’on ait une visite de personnes charitables,comme les bénévoles de l’église Saint-Joseph, notamment Céline Carrière nous dira Wassef. Par coïncidence, lors de notre rencontre, Céline est venue s’enquérir une fois de plus du bien-être des Alkabalan, qui l’ont accueillie comme un ange! Céline ajoute : « Les gens étaient très généreux à l’idée d’accueillir des réfugiés. Aussi, l’inscription de trois des jeunes à l’école, soit le cadet Louway, la jeune fille Éliane, et Kossaï, s’est faite facilement », ajoute-t-elle. Ces deux derniers ont commencé leurs études en classe spéciale à l’École secondaire Pierre-Laporte de Mont-Royal, qui relève de la Commission scolaire Marguerite- Bourgeoys. Pour l’aîné, Kinan, des démarches ont été entreprises auprès des services du ministère de l’Immigration et de la Diversité pour établir son niveau scolaire. Apprendre le français Ikhlas, la mère de la tribu, est quant à elle inscrite à des cours de francisation au CACI, tandis que Wassef est enthousiaste à l’idée d’entreprendre, lui aussi, ses cours et de pouvoir s’exprimer en français sans contrainte. Car comme il le souligne : « Nos enfants n’auront sans doute aucune difficulté à assimiler notre nouvelle langue, mais nous les parents, absorbés par les soucis de la vie, nous devrons redoubler d’efforts sur tous les plans, entre autres l’apprentissage de la langue française, afin de pouvoir nous ouvrir sur de nouvelles perspectives ».

En interrogeant les enfants, le petit Louway, un peu timide puisqu’il ne parle que l’arabe dans sa variante orientale, nous confie qu’il a beaucoup d’amis à l’école où il est inscrit en classe d’accueil. Par ailleurs, la maman souligne, avec un certain humour imprégné de sérieux, qu’« une fois que nos jeunes enfants parleront bien la langue française, ils seront un appui de plus pour nous afin que nous puissions mieux parler français ».

 

Découvrir Montréal

 

La famille Alkabalan, notamment les parents, commence à découvrir Montréal, petit à petit. Céline Carrière les encourage à sortir seuls dans les environs, en leur conseillant, s’ils se perdent en cours de route, de demander leur chemin auprès d’« une femme voilée », sous-entendant qu’elle s’exprimerait sans doute en arabe, eux qui ne connaissent que très peu de mots français à l’heure actuelle. Si la guerre syrienne est terminée pour certains, comme les Alkabalan, des milliers d’autres en subissent encore les atrocités au quotidien, sans aucun secours.

L’organisme Don d’accueil qui a facilité la venue de la famille Alkabalan a besoin de meubles pour les futures familles syriennes qui arriveront prochainement dans notre arrondissement. Vous avez des meubles en trop dont vous ne vous servez plus, mais qui sont encore en bon état? Communiquez avec nous au : 514 237-5107.

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