Des tableaux qui vivent dans le regard des autres

Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mars 2016

Dans les toiles de Doris Chassé, on sent la vie qui l’habite. Les couleurs explosent sur la surface, à grands traits de pinceaux ou par éclaboussures. On sent la gestuelle, l’énergie et les émotions qui l’habitaient au moment où l’artiste s’est exécutée.

Doris Chassé fait partie du paysage maskoutain depuis si longtemps qu’elle semble avoir toujours été là. Après avoir touché à différentes formes artistiques, des décors de la scène à la restauration d’art religieux, elle se consacre depuis 1981 à la peinture.

On a vu ses toiles partout dans la région. Elle a même eu sa galerie d’art un moment, rue Mondor. On ne compte plus les expositions auxquelles elle a participé, solos ou collectives. Ses toiles font partie de plusieurs collections publiques ou privées.

Sa peinture a grandement évolué depuis ses débuts où elle se vouait à l’art figuratif, installant son chevalet partout dans la région, peignant des paysages, des bâtiments ou des gens. Puis, au tournant des années 1990, elle s’oriente peu à peu vers le semi-abstrait et l’abstrait, une forme d’expression qui lui permet de communiquer davantage d’émotions sur ses toiles.

« Mes tableaux n’ont jamais de fin, car ils continuent de vivre dans le regard des gens qui les regardent. » Elle consacre sa vie à son art, entre l’enseignement et la création. Elle enseigne tant aux jeunes qu’aux adultes. L’été prochain, elle reprendra ses camps spécialisés en art qui permettent à des enfants de se familiariser avec différentes techniques artistiques.

Si l’enseignement lui apporte beaucoup, notamment au contact des enfants, le besoin de créer l’appelle toujours. L’équilibre entre l’enseignement et la création n’est pas toujours facile à atteindre, confie-t-elle.

En 2007, elle avait pourtant fait ce choix. Durant trois mois, elle s’était réfugiée dans un chalet sur les bords de la rivière Noire, à Saint-Pie. Elle s’était alors consacrée à la peinture et à l’écriture, un exercice qui lui a permis d’aller plus en profondeur dans sa démarche artistique et d’explorer de nouveaux champs. Il en avait résulté près de 40 tableaux réunis sous le thème Lieux empruntés, au-delà du visible, qui firent l’objet d’une exposition solo. « Ce fut les trois mois les plus intenses de ma vie », raconte-t-elle.

Doris Chassé rêve de se remettre résolument à la création et, de ce fait, d’explorer de nouveaux espaces. Si les éléments naturels tels que la terre, les arbres ou le sable l’inspirent beaucoup, elle aimerait pousser plus loin sa démarche. Déjà, elle se sent attirée par le fleuve qui, comme tous nos cours d’eau, est grandement malade, reflet de notre relation avec notre environnement. Doris Chassé sent qu’elle a encore beaucoup à dire et à exprimer. Souhaitons-lui de trouver le temps et l’énergie pour pousser encore plus loin son élan artistique.

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