Les champignons utiles

Marie Morin, Le Journal des citoyens, Prévost, le 17 mars 2016

Dans les années 1970, lorsqu’on a découvert grâce aux avancées de la génétique que même si les champignons ressemblaient aux plantes ils n’en étaient pas, et que, même s’ils étaient plus proches des animaux que des plantes, ils n’en étaient pas non plus, on a créé pour eux un règne sur mesure: celui des fungi. Un règne qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Longtemps négligés, voire méprisés, les champignons font à présent l’objet d’études scientifiques partout dans le monde pour en comprendre la composition et les propriétés. Et on constate, qu’en plus de leurs vertus curatives, ils s’avèrent des auxiliaires précieux dans divers domaines de l’écologie et de l’industrie. On sait maintenant que c’est avec l’avènement des saprophytes, décomposeurs de matières organiques, qu’a pris fin il y a environ 300 millions d’années, la période géologique appelée carbonifère, durant laquelle l’accumulation des arbres et fougères géantes a donné lieu à d’immenses dépôts de charbon dont certains sont encore exploités pour, entre autres, produire de l’électricité.

Depuis, les champignons ont montré une extraordinaire capacité d’adaptation. Non contents d’avoir appris à digérer la lignine et la cellulose, ils s’attaquent à présent aux matières plastiques et à des produits chimiques de toutes sortes au fur et à mesure de leur élaboration, et ils développent rapidement les nouvelles enzymes qui leur sont nécessaires pour y arriver. Maintenant qu’on connaît leur facilité à dégrader n’importe quoi, on envisage de s’en servir pour dépolluer des sols contaminés, et pour fabriquer des biocarburants et des bioplastiques.

Les moisissures des champignons, elles aussi, sont habituellement indésirables pour nos aliments. Mais certains Penicilliums servent à fabriquer des fromages : bleu, roquefort, brie, camembert, et de la levure. Le Saccharomyces cerevisiae transforme le sucre en alcool et libère des bulles de gaz carbonique qui font lever la pâte et s’amorcer la fermentation du vin et de la bière. Très utiles dans l’environnement, la plupart des moisissures contribuent, avec les bactéries, au recyclage indispensable des éléments dans l'écosystème. Elles produisent aussi, en prime, des antibiotiques comme la pénicilline, et des médicaments comme la cyclosporine, celle-ci servant à prévenir le rejet des organes greffés.

Les Aspergillus sont aussi des champignons de type moisissure, dont la colonie se présente sous forme d’un duvet. Les Aspergillus sont exploités industriellement pour la production d'enzymes ou d'acides organiques de toutes sortes servant d'additifs alimentaires, dont l’acide citrique, un acidifiant ajouté dans un grand nombre d’aliments industriels. Les spores des Aspergillus sont présentes dans l’air que l’on respire. Habituellement sans danger, elles peuvent causer chez les personnes immunodéficientes divers types d’aspergilloses dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe et dont le traitement est long et difficile.

Terminons par une excellente nouvelle pour les amateurs de plein air: des chercheurs de l’université Virginia Tech, disent avoir identifié un champignon capable d’éradiquer naturellement l’herbe à puce. Il s’agit du Colletotrichum fioriniae qui s’attaque aux semis de l’herbe à puce et entraîne la mort de la plante. Selon eux, il serait relativement facile de mettre au point des granules de ce champignon pour saupoudrer sur les secteurs infestés, et le nouveau produit serait plus efficace que les herbicides chimiques en plus d’avoir l’avantage d’être entièrement naturel.

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