L’amour du cinéaste Marc-Bisaillon

Anne-Marie Luca, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, février 2016

Après le silence du témoin d’un crime dans son film La lâcheté (2006), et celui des auteurs d’un homicide dans La vérité (2011), le cinéaste de Saint-Hyacinthe, Marc Bisaillon, débusque le silence de la victime dans son prochain long-métrage, L’amour, dernier film de la trilogie.

Rencontré à la Brûlerie Mondor, à Saint-Hyacinthe, l’homme de 49 ans raconte comment ses films sont basés sur des faits divers dénichés dans les quotidiens. Le premier s’inspire d’un kidnapping ; le deuxième, d’un meurtre commis par deux adolescents lors d’une soirée.

L’amour est quant à lui basé sur les péripéties de Stephen Marshall. Le Néo-Écossais de 21 ans s’était enfui en 2006 chez son père, au Maine, pour assassiner deux prédateurs sexuels inscrits aux registres policiers avant de s’enlever la vie.

En lisant la nouvelle, Marc Bisaillon s’est demandé comment un jeune, à priori gentil et introverti, peut s’enfuir, voler un fusil et tuer deux inconnus. « J’ai voulu fouiller plus en profondeur, explique-t-il. Ce qui m’intéresse, ce sont les gens normaux qui vivent des situations plus grandes que nature.»

Pour aller au bout de sa réflexion, il a notamment interrogé des témoins, en plus de retracer la mère du criminel, Margaret Miles. Cette professeure de musique au secondaire a consacré une partie de son temps à tenter de comprendre ce qui a mené son jeune à produire ces actes.

« Qu’est-ce qui s’est passé dans le Maine pendant trois jours ? C’est le gros mystère que mon film révèle. Mais comme le père n’a jamais voulu parler, il a fallu que je l’invente », précise le cinéaste.

Plusieurs versions écrites de l’histoire et près de dix ans plus tard, la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) a enfin accepté en décembre le scénario de Marc Bisaillon.

 

Silence coupable

 

Ce qui était censé être un projet sur les vertus s’est transformé en réflexion sur le silence coupable. La trilogie repose sur le fait que si les gens parlaient, il y aurait moins de crimes. « Le silence, c’est le ciment des crimes », souligne l’auteur.

Ironiquement, ses films passent sous le silence de la critique. « C’est peut-être parce que je parle de sujets sombres et difficiles, dit-il d’un air pensif. Mais les histoires avec des êtres complexes, c’est ce que j’aime. »

Pour le film L’amour, on pourra s’attendre à un petit côté Taxi Driver (1976), film du réalisateur américain Martin Scorsese. « Mais avec des gags ici et là pour détendre l’atmosphère un peu », ajoute l’auteur en riant.

L’histoire se déroulera lors de la fin de semaine de Pâques et mettra en scène Pierre-Luc Lafontaine dans le rôle d’Alex (Stephen Marshall), Fanny Mallette dans celui de la mère et Paul Doucet, incarnera le père. Le tournage devrait commencer au début de 2017 et se partagera entre Sept-Îles et la Montérégie.

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