Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, février 2016
Mars ramène sur le calendrier la Journée internationale des femmes. Je suis particulièrement sensible à cette thématique du fait que je suis une femme, d’abord, et que l’ascension des dames a été marquée par d’innombrables défis. Aujourd’hui, je désire introduire sous les feux des projecteurs une femme qui s’est distinguée à nouveau, tout récemment. Native de Montréal, Gisèle Lamoureux est une photographe, botaniste et écologiste qui a consacré sa vie à répertorier la flore québécoise.
En 1973, elle fonde le Groupe Fleurbec. Dans son jardin professionnel s’épanouira une quinzaine de publications dont les guides Fleurbec devenus succès de librairie et compagnons fiables des amateurs de la flore locale. Sa formation marquée par l’impulsion du frère Marie-Victorin, la référence en botanique au Québec, conforte son expérience et l’encourage à progresser. Est-ce l’habitude d’arpenter les vastes contrées qui l’incite à sortir des sentiers battus pour instaurer une nomenclature accessible à tous? Préoccupée par la vulgarisation, Gisèle Lamoureux allie une rigueur scientifique à une langue claire et vivante pour proposer une introduction à la Flore laurentienne. Et c’est là le génie de cette dame! Elle met au point une terminologie et une description encyclopédique des plantes sauvages dans un français accessible, de belle qualité.
Dans les années 1990, son approche inédite incite le ministère de l’Environnement du Québec à lui confier la tâche de nommer environ 400 plantes visées par la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, la plupart étant dépourvues de noms français. Une fois de plus, elle fait révolution.
Elle mobilise sa passion et ses énergies à diverses campagnes de sensibilisation, dont celle pour la protection de l’ail des bois et celle pour l’adoption d’une fleur indigène, l’iris versicolore, comme emblème floral du Québec.
Alors résidente de Bellechasse, à Saint-Henri plus précisément, Gisèle a été invitée comme personne-ressource pour l’identification de différentes plantes qui poussent au Parc des Chutes-Rouillard. Difficile de réduire à quelques lignes le travail incommensurable de cette pionnière qui œuvre depuis plus de 40 ans à la valorisation de notre flore. Avec plus de 3000 pages publiées et quelque 500 plantes sauvages nommées et présentées sous toutes leurs facettes en français, l’œuvre colossale de Gisèle Lamoureux et de son équipe lui valut, le 18 novembre dernier, à la salle du Conseil législatif de l’Hôtel du Parlement, le prix Georges Émile- Lapalme pour la qualité et le rayonnement de la langue française.
À cheval sur la frontière mouvante entre la science et la culture, le parcours atypique de cette botaniste de renom révèle une femme généreuse, déterminée, passionnée, une fleur rare qui mérite d’être valorisée.