Jacqueline Guimont, Autour de l’île, Île d’Orléans, janvier 2016
En parcourant l’île d’Orléans, on remarque dans chaque village de mignonnes petites chapelles qui font non seulement la particularité des milieux ruraux, mais aussi, sans doute, la fierté des Orléanais.
L’utilité de ces chapelles me rappelle un rite religieux appelé Procession de la Fête-Dieu ou Fête du Saint-Sacrement qui avait lieu 60 jours après Pâques, soit fin mai, début juin alors qu’il faisait un temps radieux. Cette période de l’année annonçait l’été. Certains d’entre nous portaient des vêtements neufs, tels robes, chapeaux de paille et souliers vernis.
C’est à partir du milieu du XVIIe siècle que l’on célèbre dans toutes les paroisses la Procession de la Fête-Dieu. «La procession est une pratique de la liturgie catholique héritée de la France médiévale et apportée en Nouvelle-France par les premiers colons. En 1660, le haut clergé de la Nouvelle-France autorise la construction de chapelles dites de procession.1» Les processions religieuses disparurent à la fin du XXe siècle.
Tous les villageois pouvaient assister à la procession. On assignait une place à chacun. Le maire ainsi que les conseillers municipaux étaient placés près du Saint-Sacrement juste à côté des membres du clergé. La procession avait lieu dans les rues de la paroisse et les chapelles servaient de reposoir (autel provisoire) que l’on ornait de fleurs et de bougies. Le dimanche précédent, le curé, en chaire, avisait les paroissiens (es) du trajet à parcourir et leur suggérait de décorer leur maison.
Ainsi, drapeaux, fanions et banderoles de toutes sortes agrémentaient le cortège. Il y avait d’abord une messe à l’église où le curé bénissait l’hostie. Ensuite, l’hostie était déposée et transportée dans un ostensoir protégé par un dais porté par quatre personnes. Certains d’entre nous se rappelleront qu’au sortir de l’église tous priaient et chantaient : «Loué soit à tout moment Jésus au Saint-Sacrement.» De nos jours, certaines chapelles sont classées monuments historiques, d’autres ont été transformées en boutiques et quelques-unes servent de charnier.
1 www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca – LESSARD, Michel, L’île d’Orléans : aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française, Montréal, Éditions de l’Homme, 1998, 415 p.