Vincent Di Candido, Échos Montréal, Montréal, février 2016
Le projet de restauration de la place Jacques-Cartier semble démarrer dans la controverse. Le nouvel aménagement, proposé par la Ville de Montréal et avec l’aval de la Société de Développement Commercial (S.D.C.) du Vieux-Montréal, qui représente les commerçants et gens d’affaires du quartier ; reçoit des critiques de plusieurs restaurateurs et peintres-artisans qui, pour ces derniers, devront probablement se déplacer sur la rue De la Commune.
La Ville de Montréal compte investir un budget de cinq (5) millions pour mettre en valeur le bâti historique de la Place Jacques-Cartier. On souhaite déplacer l’aménagement des terrasses actuelles plus proche des trottoirs centraux, à environ sept (7) mètres, en plus d’uniformiser l’ensemble, pour offrir un côté ludique et moderne. Or, les coûts seraient défrayés par la Ville de Montréal. Et le concept proposé reposerait sur l’esthétisme et le respect d’authenticité. Il se démarquerait donc du « melting pot » carnavalesque actuel, en plus d’être mieux adapté aux rigueurs automne-hiver de notre climat, grâce à des vitres et auvents rétractables.
L’argumentation des opposants est d’ordre spéculatif. Ceux-ci croient que le vent, la pluie et la distance pour se rendre aux terrasses, pourraient mettre en cause le service avec changement du menu allant jusqu’à indiquer qu’ils seraient obligés de fermer certains jours de mauvais temps. Ce côté alarmiste semble motivé par la peur de l’inconnu et ça les conduit vers une attitude de refus d’ouverture d’esprit, alors qu’il s’agit améliorer le côté ludique de la Place Jacques-Cartier, un lieu historique très visité.
Le changement nous fait toujours peur. D’ailleurs, par le passé, les commerçants se sont opposés pendant des années à la piétonisation de la rue Saint-Paul Est. Or, elle est pourtant depuis devenue conviviale et sécuritaire.
On fait mention que le Québec a un climat différent de certains pays européens. Cela est vrai pour les mois d’hiver, mais c’est trop alarmiste de laisser croire que nous luttons contre vents et marées, spécialement en été. Las Ramblas à Barcelone, Nice, Rome et les Champs Élysées, ont des terrasses éloignées de l’entrée des restaurants. Et pourtant ces lieux connaissent un fort achalandage, sans que cela ne cause la moindre perturbation. C’est aussi le cas pour bon nombre de villes scandinaves dont les climats respectifs sont similaires à nos températures nordiques.
Enfin, le déplacement de certains artistes sur la rue De la Commune Est ne peut être que bénéfique pour l’animation et la convivialité du Vieux-Montréal, créant ainsi un lien avec le Vieux-Port, en préparation du 375ème anniversaire de Montréal.
D’autant plus cela pourrait se conjuguer avec la mise en valeur de la Place Dauversière derrière l’hôtel de ville. La rendre accessible et conviviale, ce serait redonner vie à une place qui a connu son heure de gloire et dont le rempart historique a vécu son lot d’événements majeurs, souvent militaires. Une artère spéciale qui reflète un passage de la vie d’autrefois des Montréalais.