Benoît Gaucher, Échos Montréal, Montréal, février 2016
Ces dernières semaines, la Place Jacques-Cartier a fait couler beaucoup d’encre concernant les projets de rénovations entrepris par la Ville de Montréal, avec l’approbation de la Société de Développement Commercial (S.D.C.) du Vieux-Montréal. Ces projets visent un réaménagement en profondeur de divers lieux de passages touristiques incontournables du Vieux-Montréal, en vue du 375ème de la métropole en 2017.
Au début de l’année, la Ville de Montréal a en effet présenté son projet ambitieux pour la Place Jacques-Cartier. Il s’agit de rendre à ce lieu mythique de Montréal toutes ses lettres de noblesse en l’embellissant davantage. Une des améliorations majeures concerne les terrasses. Actuellement, chaque restaurant de la place possède une terrasse collée à son mur. Celles-ci ont toutes des formes et compositions différentes les unes des autres avec des bâches de délimitation parfois inesthétiques. Le projet de la Ville, avec l’appui de la S.D.C. du Vieux-Montréal, vise à créer de nouvelles terrasses modernes et attrayantes. Ces terrasses seront intégralement payées par la Ville et mises à la disposition des commerçants moyennant un loyer dérisoire. De plus, chaque restaurateur pourra faire inscrire le nom et choisir une couleur spécifique pour sa terrasse. D’un point de vue marketing, cela est une aubaine pour les restaurateurs qui voient leurs enseignes modernisées gratuitement.
Certains d’entre eux se sont cependant plaints de ces terrasses dans les médias. En effet, celles-ci auront une place centrale afin de donner plus de vie à la Place Jacques-Cartier. Elles seront ainsi espacées de 7 mètres des restaurants. Cela permettra de dégager la vue des somptueuses façades de ces immeubles historiques. Mais les restaurateurs avancent l’argument de l’aspect pratique d’avoir une terrasse collée à la façade, comme c’est le cas actuellement. Selon eux, l’achalandage pourrait être très pénible pour les serveurs qui devront se frayer un chemin entre les promeneurs pour rejoindre les clients de la terrasse. Ils avancent aussi que les conditions météo propres à Montréal ne seraient pas favorables.
D’autres s’interrogent cependant de la pertinence de ces propos, arguant que bon nombre de places en Europe ont des terrasses éloignées alors qu’elles sont beaucoup plus achalandées que la Place Jacques-Cartier. De plus, beaucoup remettent en question le prétexte météo justifiant que la période estivale, la plus importante en ce qui concerne les terrasses, se rapproche des conditions climatiques quel l’on connaît en Europe à la même époque. Mario Lafrance, directeur général de la S.D.C. du Vieux- Montréal insiste d’ailleurs sur l’importance de prendre du recul afin de «remettre les choses en perspective». Il rappelle ainsi que ces rénovations visent à célébrer le 375e de la métropole en ajoutant: «C’est un lègue qu’on veut donner!». Monsieur Lafrance précise de plus que d’autres aménagements sont prévus, outre la Place Jacques-Cartier. C’est le cas de la piétonisation de la rue De la Commune qui, pour l’instant sépare le Vieux-Port de la Place Jacques-Cartier. Il est vrai qu’il faut actuellement s’armer de patience pour passer de l’un de ces endroits à l’autre à cause du trafic.
Si les rénovations de la Place Jacques-Cartier suscitent peut-être d’emblée quelques réactions négatives à ce stade, il n’en reste pas moins qu’elles semblent incontournables afin de donner à ce symbole touristique de Montréal toute sa prestance et son aura pour les prochaines décennies à venir.