Fermeture de la Clinique médicale East Angus

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 27 janvier 2016

Loin de se décourager, le maire de East Angus, Robert G. Roy, poursuit les efforts pour trouver une solution visant à contrer la fermeture de la Clinique médicale, annoncée pour juin prochain dans sa municipalité. Au moment d'écrire ces lignes, il mentionnait attendre un appel du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, pour le sensibiliser à la problématique et lui faire part de ses propositions.

« J'attends un appel du ministre Barrette. Je vais lui expliquer ce que je propose comme solution et voir comment il voit ça. Je fais confiance au ministre Barrette. Jusqu'à preuve du contraire, je lui laisse le bénéfice du doute. » Entre-temps, les élus ont adopté à l'unanimité une résolution demandant au ministre « d'intervenir dans le dossier de la Clinique médicale afin de trouver rapidement une solution pour pallier au manque de services médicaux suite à la fermeture » de cette dernière. En introduction à la résolution, on y fait part du nombre de 20 000 dossiers médicaux, du fait que East Angus est le principal pôle urbain de la MRC du Haut-Saint-François ainsi qu'un centre de services pour plusieurs clientèles vulnérables. On y ajoute que le ministre a été informé de la situation à l'été 2015 et que la municipalité est disposée à fournir toute l'aide nécessaire, dans la limite de ses moyens, pour assurer le maintien de services médicaux sur son territoire.

M. Roy mentionne avoir respecté les étapes nécessaires et avoir transmis le dossier au CIUSSS de l'Estrie – CHUS. Le maire de East Angus mentionne avoir discuté au téléphone, la semaine dernière, avec la Dre Raymonde Vaillancourt, chef du département régional de médecine générale au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Estrie. « Elle m'a dit que le dossier était à la Table médicale territoriale. Je lui ai proposé des solutions et elle m'a dit qu'il fallait les analyser. Je suis sans réponse. »

Exaspéré de la situation, M. Roy lance « ils ont juste à transférer le CLSC de Cookshire à East Angus puisqu'ils ont le Centre de santé intégrale. C'est à leur tour de nous retourner l'ascenseur. » M. Roy fait référence à l'époque où la clinique médicale comptait six médecins et que la direction du CLSC manifestait l'intention d'affecter d'autres médecins dans la municipalité. « Angus était d'accord de ne pas prendre les médecins et les répartir sur le reste du territoire. On trouvait illogique de tout avoir ici. » Le maire considère aussi illogique que sa municipalité n'ait plus de médecins à l'intérieur de ses limites.

M. Roy n'hésite pas à aller voir plus haut. Ce dernier mentionne avoir une grande confiance envers le ministre Barrette. D'autant plus, indique-t-il, que ce dernier a mentionné sur les ondes de la radio 107,7 Estrie être sensible à la situation à East Angus. Il a ajouté que le dossier de la clinique médicale serait abordé lors de sa rencontre prochaine avec la Direction régionale de médecine générale de l'Estrie. Résolu à poursuivre les démarches, M. Roy précise « je ne ferais pas la lutte si c'était pour rien. Les gens m'ont élu pour défendre leurs intérêts. Je reçois de 10 à 15 appels de citoyens par semaine me demandant d'intervenir. Il y en a qui viennent me voir en larmes. Tant qu'il y aura de l'espoir, je vais foncer », lance-t-il avec détermination.

 

Diane Lamarre

 

De passage à East Angus, Diane Lamarre, députée de Taillon et porte-parole en matière de santé et d'accessibilité aux soins pour le Parti Québécois, fait part de son « énorme déception de constater que les citoyens sont coincés dans une situation totalement inacceptable. » Selon elle, le CIUSSS de l'Estrie – CHUS doit faire de la recherche de médecins pour remplacer les Drs Robert Branch et François Desroches qui prendront leur retraite en juin prochain. « Ça doit être une priorité », insiste-t-elle.

Selon les chiffres en circulation, Mme Lamarre mentionne que 20 000 dossiers pour la Clinique médicale East Angus « ça pas de sens. Il faut trouver un contexte favorable pour attirer de nouveaux médecins, mais avec 20 000 dossiers, il faut aussi les entourer et songer à d'autres options. Ici, il devrait y avoir deux ou trois cliniques avec des infirmières praticiennes spécialisées (super-infirmières), des inhalothérapeutes et autres spécialistes, s'il n'y a pas de médecins pour agir en première ligne. » Celle qui était présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec entre 2009 et 2014 et fait la promotion de la loi 41, donnant la possibilité aux pharmaciens de prescrire certains médicaments, n'hésite pas à lancer un appel « il faut utiliser tous les ordres professionnels. »

La députée de Taillon souligne que la situation n'est pas propre à East Angus et qu'elle se retrouve dans plusieurs autres petites municipalités du Québec. Elle en attribue la responsabilité au présent gouvernement et particulièrement à la loi 10 du ministre de la Santé Gaétan Barette, qui a favorisé la création des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). « On a centralisé les décisions. On a éloigné les décisions de la population, des villes, des plus petites municipalités et des plus petites régions. Pour le grand CIUSSS de l'Estrie – CHUS, où se positionne la priorité de trouver des médecins pour East Angus par rapport aux achats de médicaments pour l'hôpital, à la réorganisation du CMDP (Conseil des médecins dentistes et pharmaciens), et à trouver des médecins pour les CHSLD ? C'est dilué dans énormément d'autres enjeux et faire entendre sa voix est très compliqué dans ces circonstances. » Mme Lamarre croit que la solution passe par une réorganisation des soins orientés à partir des citoyens et non à partir des médecins.

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