Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, décembre 2015
C’est dans la salle portant le nom de son père que Serge Locas présente sa première exposition solo jusqu’au 4 janvier prochain. Le Maskoutain Jean Locas a été le fondateur de la bibliothèque T.-A.-St-Germain.
Serge Locas propose près d’une trentaine de tableaux qui retracent sa démarche artistique étalée sur 50 ans. On peut y voir ses œuvres de jeunesse alors qu’il était étudiant à l’École des Beaux-Arts de Montréal jusqu’à sa plus récente production. Depuis qu’il est retraité du Collège Saint-Maurice en 1997, il a davantage de temps à consacrer à la peinture. Mais sa vie entière a toujours été marquée par les arts. Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours dessiné pour les autres et, après ses études, il s’est consacré à l’enseignement. « J’ai adoré enseigner les arts plastiques aux filles du collège. À tel point que j’étais toujours étonné qu’on me paye pour faire ça », relate-t-il, sourire en coin. Il n’est donc pas surprenant que certains de ses tableaux présentent un caractère pédagogique, comme il l’admet lui-même. Mais le « ludique » l’emporte rapidement sur la « didactique », car il aime bien s’amuser avec l’observateur.
Ainsi, il utilise souvent la technique du trompe-l’oeil qui déroute la perception du spectateur. Par exemple, un triptyque qui montre trois fois le même tableau. Il faut être attentif pour remarquer que chacun d’eux est pourtant différent. Sur celui du centre, on perçoit que la toile a été déchirée et, sur le suivant, qu’elle a été rapiécée. Mais tout cela n’est qu’illusion : les altérations sont soigneusement peintes.
« D’une toile à l’autre, le public attentif remarquera des trompe-l’oeil, sera tenté de gratter du bout de l’ongle une imperfection illusoire, une tache ou une texture singulière. Il reviendra sur ses pas, intrigué par des références faites à d’autres tableaux de l’exposition, plissera les yeux ou penchera la tête avec amusement et incrédulité », a écrit son fils Félix, à propos de l’exposition de son père.
Peindre pour laisser un patrimoine
Ces dernières années, Serge Locas s’est intéressé particulièrement aux paysages. Sa passion pour l’histoire des cowboys l’a amené à voyager aux États-Unis, notamment au Dakota du Sud où il a reproduit certaines scènes. Il peut être inspiré par des sujets beaucoup plus près de nous, comme les grands arbres devant le séminaire qui sont devenus des éléments récurrents dans sa peinture.
De son aveu même, sa production d’un demi-siècle est éclectique, en ce sens qu’elle explore plusieurs styles. « Contrairement à bien d’autres peintres avant lui, Serge refuse de se limiter à un genre en particulier. Il explore les courants et les compositions de façon presque pédagogique, comme le faisaient ses étudiantes, à l’époque où il enseignait avec une curiosité et un émerveillement sans cesse renouvelés », résume Félix Locas.
Il n’en reste pas moins que Serge Locas a conscience qu’il peint pour laisser des traces de son passage ici-bas. Il résume assez bien sa démarche dans l’ouvrage « Les peintres maskoutains : 100 ans d’histoire » paru en 1994. « La peinture, pour moi, c’est sacré. Je suis conscient qu’en peignant, je crée aussi un patrimoine».