«Tu te souviendras de moi» de François Archambault

Luc Deschênes, L’Itinéraire, Montréal, le 1er janvier 2016

Ne plus se souvenir de rien, perdre ses repères, son identité. Voilà le sujet présenté par l'auteur François Archambault dans la production Tu te souviendras de moi.

Édouard, interprété par le magistral Guy Nadan, commence à perdre la mémoire. Pour lui, un professeur d'histoire à la retraite, ne plus se souvenir de rien constitue un drame hors du commun.

Malgré de nombreux moments d'égarement, Édouard a encore des opinions bien arrêtées sur la société : elle n'a plus de mémoire à long terme, se fout des faits historiques, a le nez fourré dans son téléphone intelligent et passe son temps sur Facebook.

 

L'humour à travers la tristesse

 

La maladie progressant, Édouard devient un fardeau pour sa femme, Madeleine (Johanne Marie Tremblay). Un jour, elle le conduit chez leur fille, Isabelle, interprétée tout en nuances par Marie-Hélène Thibault. Prise par ses obligations professionnelles, Isabelle demande alors à son conjoint, Patrick (Claude Despins), de s'en occuper. S'ensuivent des scènes savoureuses entre Édouard et Patrick. Édouard lui redemande sans cesse ce qu'il fait dans la vie. Patrick joue le jeu et change chaque fois sa réponse. On apprécie alors la qualité de l'auteur qui peut faire rire avec un sujet aussi délicat que la maladie d'Alzheimer. Un soir de sortie, Patrick confie Édouard à sa fille Bérénice (Emmanuelle Lussier Martinez), une jeune femme insouciante à la chevelure rouge qui accepter de le garder pour des questions d'argent. Au fil des rencontres, Bérénice s'attachera à Édouard qui, dans ses moments d'égarement, la prend pour sa fille qui s'est suicidée à 19 ans. Plusieurs scènes entre eux sont d'une rare intensité et arrachent tes larmes.

 

L'Alzheimer, une terrible maladie

 

La mise en scène très sobre et te décor épuré (sofa et toile), représentant un champ et le ciel, servent bien te sujet très délicat de la pièce en évoquant une ambiance calme et nostalgique. L'auteur a accompli une tâche colossale en réussissant à traiter de façon délicate et intelligente un sujet qui rend souvent les gens mal à l'aise, qui fait peur et qui a malheureusement de lourdes conséquences sur la vie familiale à long terme.

À la fin de la représentation, j’ai été envahi par diverses émotions que je n'avais jamais ressenties auparavant après une pièce. J'ai pensé à mes parents et aux membres de ma famille. Je n'aimerais pas les voir atteints de cette terrible maladie. Et si cette situation arrivait, j’aimerais réussir à t'approcher et à ta vivre avec dignité et acceptation, un peu à la façon du personnage de Patrick.

 

 

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