Nacer Mouterfi, Journaldesvoisins.com. Montréal, décembre 2015
Maysoun Faouri, directrice de l’OBNL bien connu dans Ahuntsic-Cartierville, Concertation-Femme, et son mari Rafat Liyous, ont quitté la Syrie pour le Québec il y a 25 ans. Tous deux se sont connus au travail à Damas et sont vite devenus inséparables.
Leurs deux enfants, Mada, 22 ans, et Yazann, 20 ans, sont nés ici. Maysoun parle de la réussite de ses enfants avec fierté, satisfaite de la bonne éducation qu’elle et son mari ont su et pu leur donner. Reçue architecte dans son pays d’origine, Maysoun se retrouve maintenant dans un autre créneau par l’effet du hasard. Elle-même ne s’attendait pas à cela.
Maysoun et Rafat se sont installés dans Ahuntsic-Cartierville. Leurs cours de francisation auront duré six mois. Par la suite, Maysoun a voulu prendre son temps pour mieux maîtriser la langue française et aussi entreprendre des études dans son domaine.
Études en éducation
Malgré les démarches entamées, Maysoun a répondu à une annonce pour un travail temporaire d’éducatrice de halte-garderie à Concertation-Femme. Ses services sont retenus. Puis, le temps passe vite alors qu’elle participe sans répit à toutes les activités de l’organisme. Ce cadre propice lui convient et et lui plaît. Elle décide alors de s’orienter vers l’éducation. Ainsi, avec abnégation et persévérance, elle obtient finalement un baccalauréat en éducation à l’UQAM. Ce diplôme lui a ouvert les portes et lui a permis de gravir un à un les échelons jusqu’à devenir directrice. Et cela, il y a déjà 15 ans…
Sortir de l’isolement
Son travail au sein de Concertation-Femme est varié et valorisant. L’OBNL travaille au profit des femmes d’Ahuntsic-Cartierville afin de leur permettre de sortir de l’isolement et de devenir autonome sur les plans affectifs, sociaux économiques, voire politiques. Le travail de Maysoun et de son équipe a conduit l’organisme à obtenir des résultats tellement probants que Concertation-Femme ne désemplit pas. Les participantes ont des objectifs distincts; certaines viennent faire un tour, mues par la simple curiosité. Chaque demande est importante pour Maysoun et ses collaboratrices. Elles tentent de toujours répondre avec courtoisie et s’engagent de leur mieux à répondre à toutes les requêtes qui leur sont faites. Cette grande disponibilité leur a d’ailleurs valu de recevoir plusieurs distinctions.
Portrait diversifié
Les femmes qui fréquentent Concertation-Femme affichent un portrait très diversifié. Ce sont de jeunes adolescentes, des aînées; elles peuvent être mariées, séparées, divorcées, célibataires, veuves ou autres. « Peu importe leur langue et leur état civil, notre organisme a toujours des recettes spécifiques pour chaque cas et situation », ajoute la directrice de Concertation-Femme.
Maysoun souligne : « L’apport de notre organisme dans l’orientation et la création des services de garde pour enfants en milieu familial est considérable. En collaboration avec les services concernés du Gouvernement du Québec, en 2000, à la suite de nos formations, 118 femmes ont ouvert leurs propres garderies chez elles. Elles ont retrouvé leur autonomie et une stabilité professionnelle.» Autre pari réussi, que Maysoun ne pouvait passer sous silence : l’atelier intitulé « Mère d’ailleurs, filles d’ici », qui consiste à faire comprendre aux mères les soucis de leurs filles, et à ces dernières de positiver les comportements jugés souvent indélicats de leurs mères.
Plus qu’une directrice
Maysoun est à l’écoute en permanence de toutes les femmes qui l’approchent, ce qui fait que, au fil du temps, elle est devenue non pas une directrice, mais une mère, une sœur, une conseillère, un espoir. Quand elle parle des violences conjugales que subissent parfois les femmes, Maysoun Faouri souhaite que tout le monde soit concerné par le fait que l’amour et la haine sont aux antipodes.
La concertation a pour elle un bien meilleur goût. « Quand un couple vit dans la concertation, leurs enfants ne connaîtront pas la peur ou l’échec, notamment à l’école », marque-t-elle avec insistance. Souvenirs de Syrie En 25 ans, Maysoun Faouri n’est retournée dans son pays d’origine qu’une seule fois. Elle a connu et laissé la Syrie sous de multiples et splendides visages, où les traditions et les cultures se côtoyaient dans la diversité. Elle redécouvre la Syrie, au fil des événements récents, avec une grande désolation.
Tout en se confiant, elle pousse un grand soupir. « Je suis très triste de ce qui se passe là-bas. Personne ne pense aux innocents de cette guerre barbare et inutile. On n’a plus la joie de vivre. On pense à nos familles, à ces enfants qui se retrouvent dans des camps aux abords des frontières de la Syrie. On est impuissants. On est coupable. La vie doit renaître», lance-t-elle sans ambages.