Angela Van Puymbroeck

René Grenier, Le Stéphanois, Saint-Étienne-des-Grès, décembre 2015

Le 20 mars 1926, à Saint-Nicolas (Sint-Niklaas), ville de la partie flamande de la Belgique située dans la province de la Flandre-Orientale, naissait Mme Angela Van Puymbroeck. Son père était un commerçant d’animaux : des chevaux, des vaches laitières et occasionnellement des ânes. Toute jeune, elle montrait déjà une aptitude pour le commerce en accompagnant souvent son père lorsqu’il se rendait chez ses clients. Elle aidait également ses parents à la brasserie qu’ils possédaient. Elle a de bons souvenirs de son adolescence en rapport avec les défilés de fleurs qui se produisaient à chaque année. Ce défilé se composait de nombreux chariots, style chars allégoriques, et les gens présentant leurs produits étaient habillés de vêtements semblables à ceux des gitans. Elle se souviendra toujours du cancer des ganglions que sa mère avait développé et des traitements de chimiothérapie qu’elle subissait; Angela n’avait alors que 13 ans. Dès l’âge de 14 ans, elle abandonna l’école afin de venir en aide au travail des parents. Elle pratiquera aussi la natation à chaque semaine, comme loisir.

 

La maturité

 

À 16 ans, c’est la rencontre de son futur mari, son Joseph, en Belgique. Ce jeune homme, toujours très respecté de son entourage partout où il est passé, M. Joseph Maes, qui plus tard, habitera avec elle sur le chemin Marcotte de notre municipalité. L’année suivante, en mai 1943, elle l’épousera à Saint-Nicolas, son village natal. L’avenir nous révélera qu’elle n’aura qu’un seul amoureux dans sa vie. Le couple débutera son union en achetant une épicerie à Anvers, Belgique. Cette aventure durera cinq ans. En 1945, naîtra François, leur premier enfant. Ensuite, on décide de retourner à Saint- Nicolas, Belgique, et d’y ouvrir une autre épicerie. Joseph fera la livraison de la bière de maison en maison, deux fois par semaine et les trois autres jours, il vendra les fruits et légumes aux différents marchés publics environnants. Ce travail étant monotone et peu payant, de là germera l’idée d’une grande aventure dans le domaine des vraies affaires et de l’agriculture. Ayant entendu parler de la possibilité de devenir propriétaire par un de leurs amis, il viendra vivre au Canada.

 

Le goût de  l’aventure

 

Ne parlant que le flamand (le néerlandais parlé en Belgique), Joseph s’enregistre auprès des autorités d’immigration et s’embarque, en 1951, sur le paquebot l’Empress of Canada qui arrive à Montréal. Là, il s’est senti traité un peu comme un esclave lorsque les agriculteurs canadiens choisissaient leurs futurs employés parmi tous les immigrants alignés sur la place des échanges. Pendant six mois, Joseph travaillera sur une ferme laitière où on cultivait la betterave à sucre. Ensuite, il sera exploitant à contrat sur une ferme à tabac à Dorchester, en Ontario.

C’est alors qu’Angela et leur fils François viendront le rejoindre. M. Deleemens, un producteur de Joliette, avait acheté, en 1953, à Saint-Étienne-des-Grès, une terre à tabac abandonnée depuis sept ans. Recherchant un exploitant à contrat, il offrit au couple Maes de remettre en valeur cette vaste ferme. Angela se souvient encoretrès bien du trajet de Toronto vers ce nouvel emplacement. Tout le long du périple, elle ne voyait que des maisons délabrées en raison de la pauvreté existant tout le long de l’ancienne route 2 aujourd’hui la route 138, avant que l’autoroute 401 soit construite. « Loin d’être réjouissant, mentionne-t-elle, c’était la désolation. » Arrivés à destination, en voyant cette belle grande ferme qui s’offrait à eux, du haut du coteau du chemin Marcotte, le couple put enfin laisser échapper un soupir de soulagement et voir apparaître une lueur d’espoir. Depuis son abandon, la maison était mal en point, rappelons que le tout se déroulait en mars 1954. Les voisins, la famille de M. Édouard St-Pierre, furent les premiers à les accueillir et à leur offrir un toit pour coucher au chaud. Six ans plus tard, à force de travail et d’économies ainsi que de l’aide financière apportée par des amis belges, on réussit à acheter la ferme.

On y a par la suite cultivé du tabac, des framboises, des fraises et des asperges et la Ferme Laviolette put enfin connaître ses heures de gloire. Lorsque la Ferme Laviolette se mérita une troisième position au « Mérite agricole  provincial » en 1968, Angela y avait certainement apporté sa contribution par sa participation active et déterminée. Angela s’est fait connaître par son dévouement à satisfaire sa clientèle lors de la vente des produits de la ferme. Elle est une femme très entreprenante et a toujours été à l’affût de trouver de nouveaux clients pour l’entreprise devenue familiale avec les naissances de leurs deux filles au Québec, Micheline et Jocelyne Maes. Angela compte maintenant 9 petits-enfants et  11 arrière-petits-enfants. En 1980, petit à petit, leur fils François prit la relève de la ferme et graduellement, Joseph et Angela commençaient leur retraite tout en étant impliqués dans l’exploitation de la ferme. Le couple se construira une nouvelle demeure, rêve d’Angela depuis sa tendre enfance d’avoir une maison neuve. Celle-ci fut construite à proximité de leur maison d’origine qui avait  subi de multiples rénovations; elle est maintenant habitée par la famille de François. M. Joseph Maes décéda en mars 2000 et Mme Angela ira habiter à la Villa du Jardin Fleuri, à Trois-Rivières, une résidence pour personnes retraitées.

 

Divers

 

Après quinze ans de vie active au Canada, d’efforts et de durs labeurs, elle pouvait enfin retourner dans son pays natal afin de visiter sa famille à l’occasion du décès du seul frère qu’elle avait; elle apprécia grandement pouvoir revoir sa mère avant la mort de celle-ci. Angela aime bien que son  petit-fils Patrick lui vienne en aide. Il faut dire que, malgré son âge, elle a continué à cultiver son petit jardin de fleurs et de légumes et à s’occuper du gazebo attenant à la résidence où elle vit maintenant; cela lui permet de garder un bon moral et une bonne santé. Elle remercie les autorités de la Villa de lui permettre de vivre de si bons moments. Obligée de se départir de son automobile il y a deux ans, elle mentionne qu’elle a alors perdu sa liberté à 87 ans. Malgré son caractère un peu autoritaire, Angela est une personne aimable et très sensible et ne désire que du bien pour le monde vivant autour d’elle.

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