Abus sur des femmes autochtones : Philippe Couillard a rencontré les chefs

Gabrielle Chaumont, Contact, Témiscaming, le 11 novembre 2015

La très attendue rencontre de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) avec le premier ministre du Québec Philippe Couillard concernant les femmes autochtones qui auraient été abusées par des policiers à Val-d’Or s’est tenue le 4 novembre dernier à Montréal. Une trentaine de chefs autochtones étaient présents, dont Lance Haymond de la réserve Kebaowek et Harry St. Denis de Wolf Lake, de même que la directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, Édith Cloutier.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Lucie Charlebois, et le député d’Abitibi-Est, Guy Bourgeois, accompagnaient le premier ministre.

Les chefs ont exprimé leurs inquiétudes à propos des tensions issues de la crise et de l’impartialité de Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) qui enquête sur la Sûreté du Québec. Rappelons que les premières nations réclamaient une enquête indépendante dans ce dossier. Les chefs ont aussi demandé au gouvernement de soutenir une enquête nationale sur des meurtres et des disparitions de femmes et de jeunes filles autochtones.

Des mesures annoncées Philippe Couillard a annoncé des mesures totalisant plus de 6,1 M$ et confirmé que l’enquête criminelle est confiée au SPVM. Une aide financière sera offerte au Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, au refuge pour sans-abris Chez Willy et au projet de logements sociaux pour autochtones, Kijaté. Les sommes qui seront respectivement versées aux deux premières organisations mentionnées plus haut n’ont pas été dévoilées, mais il est indiqué que le gouvernement assurera plus de la moitié de l’aide financière pour Kijaté, estimée à 4,7 M$ selon Lance Haymond, et que le reste proviendra de plusieurs organisations, dont notamment la Société d’habitation du Québec. Un comité d’intervention stratégique sera créé pour aider les autochtones vivant en milieu urbain à sortir de situations précaires et pour prévenir les comportements abusifs. Finalement, il y aura la création d’une plateforme de travail réunissant le gouvernement du Québec, des représentants des communautés autochtones et des représentants du gouvernement fédéral qui étudiera les pratiques des corps policiers de tout le Québec.

La Sûreté du Québec a aussi entrepris des initiatives pour renouer la confiance dont l’installation de caméras de surveillance dans les autopatrouilles, un accompagnement professionnel aux policiers par des travailleurs sociaux, une enquête interne et une réorganisation de l’unité de la Vallée-de-l’Or.

« Cette séance d’échanges s’est déroulée dans un esprit d’ouverture et de respect», indiquait M. Couillard par voie de communiqué. «Ce qui m’importait surtout, c’était de connaître le point de vue des dirigeants autochtones et les pistes de solution qu’ils proposent. Je suis satisfait des résultats obtenus. Toutefois, il est clair qu’il nous faudra poursuivre le travail et mobiliser tous les interlocuteurs concernés afin de trouver des solutions et d’améliorer la situation des femmes autochtones de façon globale. Le gouvernement du Québec est déterminé à contribuer de façon décisive à l’amélioration des conditions de vie des femmes autochtones, et ce, où qu’elles se trouvent sur le territoire québécois ».

Des sentiments mitigés pour le chef Haymond Lance Haymond a indiqué avoir des sentiments partagés concernant la rencontre. D’une part, il s’est réjoui de l’aide pour les organismes : «L’annonce des 6,1 M$ est une bonne nouvelle pour les personnes autochtones de Val-d’Or.  Il y aura des fonds pour du personnel supplémentaire au Centre d’amitié qui est devenu un endroit central et sécuritaire pour les gens des premières nations, et même davantage depuis le début de la crise».

D’autre part, le chef Haymond a partagé ses déceptions sur d’autres points: «Je fus déçu d’apprendre que M. Couillard avait déjà choisi un enquêteur indépendant sans implication ou consultation. Le premier ministre  a aussi refusé de donner une réponse définitive à la demande de commission d’enquête indépendante. Il n’a pas dit «oui» ou «non», mais il a indiqué qu’il approuve le besoin d’une enquête nationale et qu’il souhaiterait que gouvernement fédéral lance l’enquête».

M. Haymond a également eu l’impression que les autres chefs partageaient son avis : «Les ressources nécessaire pour faire face à la crise émergente ont été bien reçues, mais le gouvernement qui continue de nier qu’il y a une crise à Val-d’Or est décourageant.  Qu’il continue de déterminer ce qui est le mieux sans considérer une consultation respectueuse est aussi troublant».

Le chef croit aussi que le problème touche d’autres communautés : «Val-d’Or n’est pas le seul endroit où des autochtones sont abusés et où il manque des services. Il existe une réalité plus grande et nous devons trouver des solutions à long terme, pas seulement en temps de crise. La province est responsable d’assurer des services sociaux et de santé adéquats, y compris pour les populations autochtones qui habitent dans les réserves. Finalement, la plupart des chefs sentent que ce n’est que le commencement d’un dialogue nécessaire à l’amélioration de l’accès et de la qualité des services dans nos communautés respectives», concluait-il.

 

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