Guillaume Rosier, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 16 novembre 2015
Les temps sont durs. Le prix du fer n'en finit pas de baisser et la compétition est de plus en plus féroce sur le marché de l'acier. Dans ces conditions, ArcelorMittal cherche à réduire ses couts. Le 6 novembre dernier, la compagnie a fait part de ses orientations pour les prochains mois au Syndicat des Métallos.
On se souviendra que le mois dernier, ArcelorMittal avait déjà approché les travailleurs en indiquant souhaiter enclencher « une réorganisation qui pourrait s'accompagner de mises à pied ». Le Syndicat des Métallos avait toutefois renvoyé l'employeur « faire ses devoirs », estimant que les propositions mises sur la table manquaient de clarté.
Le 6 novembre, les choses se sont précisées. À la mine du Mont-Wright, 53 employés seraient réaffectés dans des secteurs en manque de main-d'œuvre au sein de la compagnie. Pour le président de la section locale 5778 du Syndicat des Métallos, Yves-Aimé Boulay, cela ne tient pas debout. « On ne va pas faire conduire des 400 tonnes à des travailleurs du service de conciergerie », s'insurge-t-il.
Selon M. Boulay, il faut surement s'attendre à des mises à pied, à des suppressions de postes ainsi qu'à une augmentation de la sous-traitance. Il explique : « En confiant des tâches à la sous-traitance, ArcelorMittal veut se donner plus de flexibilité. Avec moins de travailleurs syndiqués, la compagnie bénéficie d'une plus grande marge de manœuvre. » Pour le président, une augmentation de la sous-traitance peut menacer à terme l'existence même de la ville de Fermont, du fait de la disparition progressive des travailleurs permanents.
M. Boulay a notamment tenu à rappeler un point de la lettre n°4 de la convention collective concernant la sous-traitance : « En aucun cas, la compagnie n'accordera un contrat pour du travail de production ou d'entretien alors que des employés qui accomplissent normalement ce travail sont en mise à pied ou rétrogradés suite à une diminution dans le travail qu'ils accomplissent normalement ou qui aura pour résultat la mise à pied ou la rétrogradation de tels employés. »
Selon le syndicat, ArcelorMittal aurait fixé comme date butoir le 23 novembre pour trouver un terrain d'entente. « Nous sommes prêts à négocier, mais dans le cadre et dans le respect de la convention collective », affirme Yves-Aimé Boulay. Autre sujet d'inquiétude, la compagnie aurait annoncé au syndicat une importante réduction de la masse salariale pour l'année 2016, dont les modalités n'ont pas encore été communiquées. À la fin du mois d'octobre, le prix de la tonne de fer chutait à nouveau sous la barre psychologique des 50 dollars américains.
Les 53 emplois concernés par la réorganisation prévue par ArcelorMittal au Mont-Wright *
– 1 monteur de ligne
– 3 machinistes
– 3 magasiniers
– 3 menuisiers-peintres
– 3 employés de bureau (section locale 7401)
– 8 électriciens
– 21 concierges
Aux installations communautaires :
– 2 préposés
– 4 chargés à l'entretien des bâtiments
– 5 concierges
*Selon les chiffres fournis par le Syndicat des Métallos, section locale 5778 et 7401.
La compagnie se veut rassurante
Selon Réjeanne Le Bloch, porte-parole d'ArcelorMittal/Mont-Wright, la conjoncture actuelle amène la compagnie à revoir la structure de sa main-d'œuvre afin d'assurer la pérennité de ses opérations.
Mme Le Bloch explique : « Notre objectif n'est pas de faire des mises à pied. En ce moment, nous réduisons au minimum les nouvelles embauches. Toutefois, nous avons des départements où le besoin en main d'œuvre se fait cruellement sentir. Nous devons donc relocaliser certains employés. Plusieurs postes ne nécessitent pas de formation spécifique tandis que d'autres peuvent être comblés en formant à l'interne les travailleurs. »
Mme Le Bloch ajoute que la situation mondiale évolue très rapidement et que les conséquences se font durement sentir : « La priorité actuelle est de mettre en place une stratégie pour passer à travers une crise qui nous préoccupe grandement.