Journée de grève des organismes communautaires

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 18 novembre 2015

Récemment, une cinquantaine de représentants d'organismes communautaires manifestaient à Cookshire-Eaton devant le bureau du député Ghislain Bolduc. Bénévoles et travailleurs s'exprimaient pour faire comprendre au gouvernement libéral que ses politiques d'austérité et sa quête du déficit zéro avaient atteint un point de non-retour.

En ce premier jour de grève, ils réclamaient le respect de leur autonomie, un financement adéquat, une indexation annuelle des subventions versées et la fin des compressions budgétaires. Ils exigeaient aussi un réinvestissement majeur dans les services publics et les programmes sociaux.

Il ne s'agit plus d'une simple gestion comptable qui est compromise, criaient ces personnes du Haut-Saint-François. Ce sont des individus qu'on laisse pour compte, des besoins à satisfaire en plus grand nombre par le biais de banques alimentaires. Ce sont aussi des adultes qui veulent se sortir de l'analphabétisme, des enfants que les coupes dans l'éducation défavorisent. Les femmes sont placées en premières lignes, rappelait La Passerelle. Elles subissent leur lot de contrecoups de cette philosophie gestionnaire austère.

On trouve de plus en plus de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou physique qui n'ont plus d'encadrement. Les aidants naturels, les organismes comme Virage Santé mentale et bien d'autres leur en accordaient en complémentarité. Virage Santé mentale, pour l'exemple, ne fait pas partie du CIUSSS de l'Estrie – CHUS, rappelle Pauline Beaudry, directrice. De ce fait, la pérennité de l'aide qu'offre l'entreprise communautaire perdrait ses assises. Les handicapés et leurs proches se retrouveront sans aide et devront se tourner vers des centres déjà débordés.

 

Le Continuum de services de santé et de services sociaux, mis en place et harmonisé depuis 5 ans, est menacé. On voit à ce que l'accueil des gens soit efficace et qu'ils soient guidés adéquatement, explique Mme Beaudry. À la Corporation de développement communautaire, Julie Mailhot, directrice, rappelle que des emplois reliés à l'économique régionale ne sont plus créés vu les réductions budgétaires qui les affectent.

Ghislain Bolduc, député libéral au provincial pour le comté de Mégantic, dont le bureau est situé à Cookshire même, indiquait d'entrée de jeu, lors d'une entrevue téléphonique, qu'il reconnaissait la problématique des organismes communautaires, qu'il ramènerait leurs doléances à Québec. « Tous les députés reviennent avec ça à Québec », évoquait-il. Il s'attaquait vivement au gaspillage alimentaire qui est trop important, à son avis. « Il faudra agir à ce niveau », souhaitait Sam Hamad, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Il veut se pencher sur cette problématique, indiquait M. Bolduc.

Le député notait aussi les confusions dans les données qu'utilisent différents protagonistes selon qu'ils relèvent du domaine de la santé, des organismes communautaires ou du gouvernement. Se basant sur un article de Michel Hébert, chroniqueur, publié dans le Journal de Québec du 2 novembre, M. Bolduc indiquait qu'il en existe plus de 5000 qui se partagent une somme de quelque 958,7 M$. Cette information proviendrait, selon M. Hébert, du Secrétariat à l'action communautaire autonome et aux initiatives sociales. « Il y a iniquité dans la distribution des subventions. On ne sait pas combien d'argent qu'on donne », avouait-il. Poursuivant, il mentionnait qu'il y avait de l'argent « saupoudré sur un lot d'organismes. » Il illustrait cette situation avec l'exemple de L'Ensoleillée de Lac-Mégantic, dont la vocation ressemblerait à celle de Virage Santé mentale. Son budget aurait été amputé de 80 000 $, selon le député. Il les aurait aidés à même son enveloppe discrétionnaire. De plus, ajoutait-il, les MRC et les municipalités y contribuent. Il indiquait l'apport fourni par les fondations diverses. « Tout cet argent supplémentaire, comment est-il canalisé ? Comment l'argent est-il redistribué », s'interrogeait-il ? « Il y a beaucoup de sous qui sont distribués », rappelait-il encore.

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