Doris Tessier, Le Lavalois, Sainte-Brigitte-de-Laval, novembre 2015
C’est remplie de tristesse et d’incompréhension que je rédige cet article. Peut-être allumera-t-il une lumière rouge pour quelqu’un d’autre… Tout a commencé par un appel téléphonique. Je me retrouve avec une personne âgée désemparée. Une personne, en qui elle avait confiance, a pris près de 10 000 $ dans son compte grâce à une procuration qu’elle avait signée en son nom. Je lui suggère de mettre fin à cette entente ce qu’elle croit impossible sur le coup. Elle me rappelle cependant dans la soirée, pour me dire qu’elle est passée à l’action. Je suis soulagée.
Trois jours plus tard, je reçois un appel du frère de la personne qui a pris les 10 000 $ à la personne âgée. Il est abasourdi et convaincu que son frère est victime d’arnaque sur Internet et possiblement de chantage. Il me demande d’essayer de retrouver la trace des nombreux virements bancaires et de faire intervenir la GRC, s’il y a lieu.
Je communique avec l’institution financière et découvre que les virements sont effectués à partir d’un bureau de poste. Je me présente au bureau de poste mais ils ne peuvent me dire à quel endroit l’argent est envoyé. Je me retrouve donc à la case départ. Il me reste donc à contacter la section des fraudes par Internet de la GRC, mais cela implique de dénoncer la personne qui a pris l’argent. Toutefois, la personne âgée ne souhaite pas entamer de telles démarches.
Qu’est-ce qui a bien pu motiver le proche de la personne âgée à agir de la sorte. D’abord précisons qu’il a expédié bien plus que 10 000 $ c’est-à-dire près de 30 000 $ à partir de son propre compte. Mais pourquoi? Un veuvage récent, une dépression précédant le décès de sa conjointe, un besoin immense d’amour, d’affection, de reconnaissance, une fragilité émotive, donc une proie facile pour les araignées (arnaqueurs ou arnaqueuses) qui tissent leur toile avec patience et minutie.
Elles commencent par s’intéresser à leur victime, l’écouter, la reconnaître, lui dire qu’elle est extraordinaire, etc.. Et puis, elles racontent leurs propres difficultés, comment elles sont mal prises, demandent de leur prêter de petites sommes puis des sommes de plus en plus importantes jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert mais alors le mal est déjà fait, il est trop tard. Incroyable mais vrai ! Hélas !!