Les jeunes font du bénévolat à leur façon

Mélanie Meloche-Holubowski, Journaldesvoisins.com, Montréal, novembre 2015

Seulement 32 % des jeunes de 15 ans et plus font du bénévolat. S’ils ne sont pas nombreux, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils n’ont aucun intérêt pour ce type d’engagement.

« Les jeunes ont une vision erronée du bénévolat. Souvent, ils pensent que c’est juste pour les aînés et que ça prend trop de temps », explique Alison Stevens, directrice générale du Centre d’action bénévole de Montréal (CABM). C’est d’ailleurs pourquoi le CABM a lancé une campagne afin de sensibiliser les jeunes âgés de 18 à 35 ans à l’importance de leur engagement dans la communauté.

Le CABM vante les mérites de l’engagement communautaire : le bénévolat est une expérience de travail, une façon d’améliorer son estime de soi et de développer son esprit d’équipe; un moyen de se créer un réseau de contacts; et la chance de rencontrer des amis.

Il n’y a pas que la popote roulante ou la guignolée où les gens peuvent utiliser leurs connaissances et leurs talents, rappelle Mme Stevens. Les jeunes peuvent faire de l’aide aux devoirs, de l’animation dans une fête de quartier ou même aider à concevoir un site web pour un organisme. Le CAB a une liste exhaustive d’activités bénévoles : http:// www.pasbesoinde.org/.

 

Des OBNL qui doivent s’adapter

 

Henri Scaboro, agent de développement au Centre d’action bénévole de Bordeaux-Cartierville (CABBC), gère environ 300 jeunes bénévoles. Plus de 10 % des bénévoles au CABBC ont moins de 18 ans et 52 % ont moins de 35 ans. « C’est sûr qu’ils ne font pas 300 heures par année, mais ils sont à l’école et certains travaillent. C’est important pour un organisme de comprendre leur réalité. »

Il croit que les organismes doivent modifier leurs méthodes de recrutement, puisque les générations X et Y ont leur propre interprétation du bénévolat et sont impatientes de voir l’impact de leur engagement communautaire.

Henri Scaboro encourage aussi les organismes à ne pas offrir que des tâches ingrates. « Si on leur demande de surveiller les toilettes pendant une fête de quartier, ils vont trouver ça ennuyant. Il faut leur donner des responsabilités, il faut que ça bouge! » Louise Donaldson, du Service de nutrition et d’aide communautaire (SNAC), prend le temps d’expliquer aux jeunes les bénéfices du bénévolat. « Je leur dis que c’est une belle expérience de travail, que tu sois payé ou non. Tu as des tâches, des responsabilités, tu dois être poli, ponctuel, comme au travail. Ça peut être gratifiant. » Par ailleurs, le CABBC collabore depuis 10 ans avec le Collège de Bois-de-Boulogne pour inciter les cégépiens à adopter le bénévolat.

Louis Mathieu-Marcoux est un de ces jeunes pour qui le bénévolat n’était pas inné. S’il admet avoir commencé à être bénévole parce qu’il y était obligé pour un cours au cégep, son opinion a vite changé. Étudiant en gestion et comptabilité, il a choisi de s’impliquer lors de la clinique d’impôts mobile pour les personnes à faible revenu. « C’est le fun de redonner à la communauté. On a tous des talents et j’ai aimé les mettre en pratique et aider ceux qui n’ont pas la même chance que moi », dit Louis Mathieu-Marcoux, qui a, par la suite, répété son expérience de bénévolat. « Tout le monde devrait essayer de faire du bénévolat », prône-t-il.

Aujourd’hui comptable, il a eu l’heureuse surprise de savoir que l’entreprise pour laquelle il travaille permet aux employés de prendre une journée de congé annuellement pour faire du bénévolat.

 

Des jeunes créatifs

 

Pour leur part, Lili Rose L’Heureux et Alyssia Chartier, deux étudiantes du secondaire, sont bénévoles à leur façon. Ce qui a commencé par un projet scolaire s’est métamorphosé en petite entreprise sociale. Mardi sans maquillage a pour but d’améliorer l’estime de soi et la confiance. Elles vendent des macarons portants divers messages d’inspiration et tout l’argent amassé permet d’offrir des ateliers sur l’intimidation dans des écoles du quartier. Elles ne comptent pas les heures données à leur cause, parce que de « voir qu’on peut faire une différence » n’a tout simplement pas de prix.

Lili Rose L’Heureux et Alyssia Chartier veulent changer le monde, un macaron à la fois, et elles font partie des centaines de jeunes qui améliorent leur communauté, une heure de bénévolat à la fois.

 

Le bénévolat en chiffres

 

Les Québécois de 15 ans et plus font annuellement 268 millions d’heures de bénévolat, l’équivalent de 140 000 emplois à temps plein. Plus de 60 % des Canadiens âgés de 15 à 24 ans font du bénévolat. Les jeunes de 15 à 19 ans  donnent 110 heures en moyenne par année comparativement aux personnes âgées de 65 à 74 ans, qui donnent 231 heures en moyenne par année.

 

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