Partenariat transpacifique

Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 21 octobre 2015

L'adhésion du Canada au Partenariat transpacifique (PTP) est dénoncée notamment par les producteurs laitiers du fait qu'elle crée une brèche dans la gestion de l'offre accordant un accès de 3,25 % au marché étranger. Marcel Blais, producteur laitier du Haut-Saint-François et vice-président du Syndicat des producteurs de lait de l'Estrie, craint que l'impact puisse être encore pire si on ne resserre pas les mesures de contrôles aux frontières canadiennes.

« Nous comme producteurs de lait, on dit que l'entente ça pas d'allure. L'entente est signée, mais pas encore ratifiée. L'ouverture du marché c'est une chose, mais le contrôle aux frontières, c'est autre chose. Ça sera encore plus important d'assurer le contrôle. On ne sait pas si ça va être bien géré. Si ce n'est pas bien géré, ça peut être pire que 3,25 %. »

Les craintes de M. Blais sont motivées, explique-t-il, du fait que des protéines liquides, utilisées principalement pour le fromage et le yogourt passeraient allègrement les frontières sans contrainte ou presque pour entrer au Canada. « S'il n'y a pas plus de surveillance, ça pourrait être beaucoup plus que 3,25 % », laisse-t-il entendre.

D'autre part, M. Blais mentionne qu'une évaluation sommaire laisse entrevoir que l'impact de l'entente pourrait priver les producteurs laitiers de fermes moyennes, de revenus variant de 10 000 $ à 13 000 $ par année, sur une période de 15 ans. Ce qui pourrait représenter une perte de quelque 170 000 $ pour cette période. Le vice-président du Syndicat des producteurs de lait de l'Estrie est également inquiet des mesures compensatoires de 4,3 milliards $ annoncées par le gouvernement canadien. « Sur quoi ils vont se baser pour nous dédommager?? » M. Blais s'interroge à savoir comment fera le gouvernement pour faire une évaluation juste et efficace si les producteurs ne subissent pas de perte de marché, mais qu'ils n'ont pas accès à la croissance faute d'être absorbés par l'ouverture des marchés. « Comment cela pourra être comptabilisé ? », lance-t-il. Autant de questions qui demeurent sans réponse pour l'instant.

Dans le monde agricole, on estime que l'accès supplémentaire de 3,25 % au marché en plus de la concession accordée dans l'entente Canada-Europe ouvrant les portes à l'importation de fromages entraînera une perte importante d'emplois et une diminution de la contribution des secteurs de la production et de la transformation alimentaire à l'économie canadienne et des régions. On estime au Québec que 43 % des revenus agricoles proviennent des productions sous gestion de l'offre. Les secteurs laitier et avicole rapportent chaque année près de 8,2 milliards $ au PIB, génèrent 92 000 emplois et permettent le versement de 1,38 milliard $ en taxes et impôts. Au plan canadien, ils contribuent pour plus de 30 milliards au PIB et génèrent plus de 300 emplois de qualité. Le Canada a tout intérêt à préserver cette contribution majeure à son économie, pouvait-on lire dans un communiqué de presse signé par les représentants des producteurs de lait, volaille et œufs.

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