Les écoles d’A-C fermeront leurs portes les 28-29 octobre

Mélanie Meloche-Holubowski,
Journaldesvoisins.com, Montréal,
le 23 octobre 2015

Le 28 octobre, les enseignants des écoles de la Commission scolaire de Montréal seront en grève. Le 29 octobre, ce sera au tour du personnel de soutien de la CSDM et au personnel du Collège Ahuntsic de faire du piquetage devant leur établissement respectif.

Ils déplorent tous les compressions du gouvernement Couillard, plaident pour de meilleures conditions de travail et pour la survie de l’école publique. Les enseignants et le personnel de soutien ne sont pas satisfaits des offres patronales dans le cadre du renouvellement de leur convention collective et dénoncent la réduction de ressources pour les élèves.

 

Doléances

 

« Il y a plein de choses qui mènent à l’augmentation de notre tâche; la taille des classes, le nombre de préparations à faire, le nombre d’étudiants par semaine… On doit aussi rendre plus de comptes, faire davantage de rapports. Ça nous enlève du temps pour l’encadrement des étudiants », explique Philippe de Grosbois, secrétaire à l'exécutif du Syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic.

 

?Conséquences-compressions

 

Les compressions ont eu plusieurs effets négatifs au Collège cette année, dont : des frais d’inscription à la troupe de théâtre imposés aux étudiants, la réduction du nombre d'équipes sportives et la diminution des heures d’ouverture de la bibliothèque, sans compter qu'il n’y a plus d’infirmière attitrée au service de santé du Collège.

Dans les écoles primaires et secondaires d’Ahuntsic-Cartierville, les compressions se font aussi de plus en plus sentir. La population scolaire du quartier est en grande partie immigrante et souvent défavorisée; les jeunes ont donc besoin d’un soutien supplémentaire pour bien réussir. Mais difficile d’y arriver lorsqu’une classe compte de plus en plus d’élèves en difficulté et que les ressources sont amputées, dit Élaine Bertrand de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal.

 

« Il y a un lien direct entre les conditions de travail dans les écoles et les conditions d’apprentissage des étudiants », ajoute Philippe de Grosbois.

 

?Et la relève?

 

Mme Bertrand s’inquiète particulièrement de la relève enseignante. « On n’a pas de conditions de travail intéressantes. Parmi les nouveaux enseignants, il y en a un sur cinq qui abandonne. On ne s’arrange pas pour faire de la rétention », déplore cette déléguée syndicale qui est enseignante dans le quartier depuis plusieurs années.

Toutefois, Mme Bertrand ne croit pas que les moyens de pression tels que l’annulation des activités parascolaires nuisent à l’année scolaire des enfants. Elle estime plutôt que les gens commencent à comprendre le nombre d’heures supplémentaires que font les enseignants.

« C’est difficile pour le gouvernement de parler de prise en otage des étudiants quand beaucoup de gens sont conscients que c’est le gouvernement qui prend les services en otage », dit Philippe de Grosbois.

 

Autres moyens de pression au Collège

 

En plus de la journée de grève, les enseignants du Collège Ahuntsic ont choisi de boycotter les portes ouvertes du 12 novembre. « Cette journée requiert beaucoup de travail qui ne fait pas partie de notre description de tâches », dit M. de Grosbois. Les journées ont été annulées par la direction jeudi.

Les enseignants de ce syndicat ont également manifesté la semaine dernière en occupant les locaux d’une banque du quartier pendant quelque temps. Ils ont voulu démontrer l’inégalité d’un système dans lequel le gouvernement impose des compressions à la classe moyenne, sans en demander plus aux grandes institutions financières.

 

Si le gouvernement ne plie pas?

 

D’autres grèves sont prévues si les négociations n’aboutissent pas; soit deux à la mi-novembre et trois au début décembre. M. de Grosbois craint cependant que le gouvernement n’ait recours, entre-temps, à une loi spéciale pour faire cesser les moyens de pression.

« Depuis l’an dernier, nous avons eu 63 séances de négociation avec le gouvernement et il reste campé sur ses positions, ajoute Élaine Bertrand. Il dit qu’il veut arriver à une entente. C’est tout à son honneur de démontrer une ouverture. »

 

Que faire des enfants lors de la journée de grève?

 

De nombreux parents se disent en faveur des moyens de pression des enseignants, mais plusieurs d’entre eux se demandent comment ils jongleront avec le travail et les enfants à la maison.

« Je suis d'accord avec les revendications et essaie de soutenir les professeurs », dit une mère d’Ahuntsic-Cartierville, Isabelle Grenier. Je trouve cependant un peu difficile à gérer (cette journée de grève), car je n'ai pas de famille proche pour garder les enfants. » Elle espère surtout que le gouvernement accepte de négocier rapidement avec les enseignants afin de réduire la durée de ce conflit.

Certains groupes et organismes, dont Loisirs Sophie-Barat, ont tenté d’organiser des journées d’activités pour dépanner les parents qui travaillent, sans succès. Puisque les locaux des écoles ne pourront pas être utilisés, les options sont limitées.

Sur les réseaux sociaux, certains parents ont proposé de garder les enfants des voisins, tandis que d’autres suggéraient quelques activités pour occuper la marmaille pendant cette journée à la maison.

 

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