Gilles Dufour, un agriculteur passionné!

Jocelyne Gallant, Tam Tam, Matapédia et les Plateaux, octobre 2015

Les télévisions du monde entier ont filmé la ferme de Gilles Dufour le 11 septembre dernier lors du départ du Raid International Gaspésien inauguré sur la terre de ses ancêtres. Ce jour-là, Gilles était très fier de dire que cinq générations avaient cultivé ces terres et que son père, Ovila, aurait bien aimé rencontrer tous ces gens venus de 14 pays. Mais, que sait-on de Gilles qui vit depuis plus de 68 ans dans le rang Saint-Hermel Sud, situé à l’extrémité du village de Saint-Alexis ?

Aîné d’une famille de 10 enfants, Gilles Dufour est né en 1945 à l’Alverne, village de sa mère Blanche Bois. À l’âge de deux ans, ses parents s’installent à Saint-Alexis sur la terre de son grand-père à l’endroit même où il vit aujourd’hui. Très tôt, il prend des responsabilités sur la ferme familiale pendant que son père est aux chantiers, préférant sa vie dans les champs plutôt que celle à l'école. « À l’école, on me faisait sentir que je n’étais pas très bon. Mais, si j’avais un peu de mal avec le français, je n’avais aucun problème pour compter! ».

Ses premières payes servent à acheter des moutons et aussi un bout de terre. À l’âge de 15 ans, il arrête l’école et son père lui donne la ferme (celle occupée aujourd'hui par son fils Serge) en lui disant : « tu en auras les bénéfices, mais tu devras aussi payer les dettes ». Trois ans plus tard, alors que toute sa famille part pour Sainte-Sophie près de Montréal, Gilles décide de rester. Il a déjà acquis une bonne expérience et ne craint pas d’assumer seul le métier d’agriculteur. Son mariage avec Lisette Chabot lui donnera trois beaux enfants. Il devra faire d’autres métiers pour rejoindre les deux bouts, mais, il fera toujours progresser sa ferme : « J’ai tout essayé, j’ai eu des vaches laitières, des moutons, des cochons et aussi des chevaux ». Hé! Oui! Les chevaux… une vraie passion dans la famille Dufour; Gilles en aura jusqu’à une soixantaine et sera connu comme éleveur dans toute la région.

Il y a une quinzaine d’années, son fils Serge prend la relève et Gilles en profite pour revenir à ses origines et se bâtir sur la terre de son grand-père. Mais, pas question d’abandonner le travail sur la ferme! Il continue encore, à l’âge de 70 ans, à travailler avec son fils. « J’ai toujours aimé les animaux et, quand il y a du travail à faire, je ne peux pas m’empêcher d’aller aider ».

Il profite de ses rares moments de repos pour s’adonner à sa passion pour les anciens outils et machineries agricoles dont la plus vieille date de 1887. Depuis 20 ans, il collectionne tous ces instruments voués à disparaître et prend soin de les restaurer et de les remettre en fonctionnement. Gilles a connu l’époque du travail avec les chevaux et a suivi toute l’évolution de l'agriculture de nos petits villages. Il peut nous parler des gens qui utilisaient ces instruments, les agriculteurs, les forgerons… Il a d’ailleurs une belle formule pour différencier l’agriculture d’hier et celle d’aujourd’hui : Cultiver pour manger et manger pour cultiver…

Au fil des ans, il a constitué de quoi faire un vrai musée. Il ne désespère pas de voir un jour son rêve se réaliser: « il me faudrait du temps, mais aussi de l’aide pour écrire l’histoire de ces instruments agricoles dont je connais le fonctionnement par cœur». Gilles n’est pas inquiet pour l’avenir car la relève est assurée. Six petits-enfants font déjà le bonheur des grands-parents et le petit Jacob suit son père Serge à la trace sur la ferme, « je peux partir tranquille, je sais que la ferme continuera après moi…»

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