Communautaire en grève

Nathalie Côté, Droit de parole, Québec, octobre 2015

Le 30 septembre dernier, des groupes communautaires bloquaient les entrées du Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale sur la rue Saint- Amable. C’est le lieu même où loge le Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS) qui subventionne une grande partie des organismes.

Deux cents personnes étaient au rendez-vous au petit matin pour empêcher l’entrée des fonctionnaires. Ils ont ainsi réussi à retarder l’entrée au travail de plus de 1 000 employés jusqu’à 9h30. Cette action de désobéissance civile pacifique s’est déroulée dans la bonne humeur et la fébrilité.

La plupart des travailleurs et des travailleuses du ministère ont été solidaires avec l’action et n’ont pas tenté de forcer les lignes de piquetage. Il n’y a eu aucune arrestation. Une marche d’appui a eu lieu par la suite et s’est poursuivie jusqu’à la Place d’Youville.

 

Les effets des coupes

 

L’austérité touche la population autant que les organismes communautaires, comme le souligne la porte-parole de l’événement, Vicky Brazeau : « La population s’appauvrit, les cas sont de plus en plus lourds. Dans un organisme comme Marie-Rollet, qui fait de l’hébergement, les personnes à mobilité réduite doivent prolonger leur séjour parce qu’il y a eu des coupures dans les services de transport adapté. »

Vicky Brazeau y voit « un repositionnement de l’État, une modification de son rôle. » Dans cette stratégie, le communautaire se trouve à donner des services que l’État ne veut plus donner, mais avec du cheap labor, des employés moins bien payés que ceux du réseau de la santé et des services sociaux.

Comme les centaines de travailleuses du communautaires, Vicky Brazeau sonne l’alarme : « On veut un réinvestissement dans les programmes sociaux et les services publics. Alors, on pourra faire notre travail de prévention. »

 

Les revendications des groupes

 

Les groupes revendiquent la reconnaissance de leur travail et un financement adéquat. Mais surtout, à compter du 31 mars prochain, ils n’ont aucune assurance de pouvoir poursuivre leur travail. Ce sera la fin de leur entente avec le SACAIS, et leurs subventions ne sont plus assurées.

C’est par solidarité que le Regroupement des organismes communautaires de Québec (ROC-03), dont les groupes sont en grande partie subventionnés par le Ministère de la santé et des services sociaux), s’est joint à l'action du 30 septembre. En ce moment, tous les groupes communautaires (en défense de droits et en services) dénoncent d’une même voix les politiques d’austérité du gouvernement libéral.

 

Grève les 2 et 3 novembre

 

Le 30 septembre dernier, les groupes étaient nombreux à avoir adopté des mandats de grève d’une journée. Devant le gouvernement qui reste de glace, d’autres actions sont prévues en novembre dans toutes les régions du Québec. Vicky Brazeau soutient : « On espère avoir plusieurs mandats de grève à la grandeur du mouvement communautaire, en simultanéité, partout au Québec. » Les 2 et 3 novembre, on assistera à des journées de grèves, des fermetures, des interruptions d’activités. À Québec, les groupes communautaires feront des zones de grève dans les quartiers, une manifestation et des actions surprises auront lieu. Manifestation le 3 novembre à 18 h à la Place de l’Université du Québec. Pour plus d’infos : communautaireengreve.com

 

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