Pierreville tire un trait sur 160 ans d’histoire

François Beaudreau, L'annonceur, Pierreville, le 14 octobre 2015

Plus de 600 personnes se sont rendues à l'église Saint-Thomas de Pierreville, le 4 octobre 2015, pour entendre la messe, la dernière célébrée dans ce lieu. L'évêque du diocèse de Nicolet, Mgr André Gazaille, présidait la cérémonie empreinte de dignité et de solennité. Il était secondé par les curés Jérôme Lefebvre et Pierre Houle.

« Cette église a été grande et belle et grande pendant 160 ans », lance l'évêque au début de son homélie, devant la foule silencieuse. « La fermeture d'une église passe d'abord comme un évènement de perte, de deuil. »

Mgr Gazaille mentionne ensuite différents textes bibliques où il est question de passage. Il souligne par exemple le passage de la Mer Rouge, les quarante années passées dans le désert par le peuple hébreu puis il aborde le passage de la mort à la résurrection.

« Les passages sont toujours des occasions de croissance », poursuit l'évêque. « Ce que nous vivons, ce n'est pas un temps pour se décourager, pour rêver de revenir en arrière; c'est un temps pour faire confiance à Dieu. » Il invite la communauté à continuer à se rassembler. « En d'autres termes, ça prend de la ferveur. Vos ancêtres en ont eu pour bâtir cette église; vous devez en avoir pour continuer », conclut Mgr Gazaille.

 

Église
 

Inaugurée le 27 septembre 1855, l'église aura accueilli 9 171 baptêmes, 5 585 mariages et 9 147 sépultures, comme le rappelle Réjean Descôteaux, président de la Société historique de la région de Pierreville.

« Pour avoir une église, ça prenait une paroisse », souligné M. Descôteaux. « Dès 1849, germait dans la tête d'un jeune abbé, Joseph Anselme Maurault (1819-1870), qui était à l'époque curé de la paroisse Saint-François-du-Lac et missionnaire pour la communauté des Abénakis d'Odanak, l'idée de fonder une nouvelle paroisse sur la rive droite de la rivière Saint-François. »

De fait, l'élection canonique de la paroisse Saint-Thomas de Pierreville est prononcée le 6 octobre 1853 par le premier évêque, du nouveau diocèse de Trois-Rivières, Mgr Thomas Cooke.

Les préparatifs pour la construction de l'église dans son emplacement actuel débutent l'hiver suivant. « Le curé Maurault fit transporter de la pierre sur le site de la future église, puis au printemps, il installa une briqueterie dans la côte d'en face et les travaux commencèrent », explique le président de la Société historique. Si aucun document ne révèle l'identité de celui qui a dressé les plans de cette église, Jacques Boisvert, un historien de Trois-Rivières en attribue la conception à l'architecte Victor Bourgeau.

En 2012, la Fabrique de la paroisse Saint-Thomas, faute de moyens, a cédé cet immeuble à la Municipalité de Pierreville qui à son tour en a transféré la propriété à la Coopérative de solidarité de santé Shooner et Jauvin, le 14 septembre dernier.

« Pour leur besoin, cet organisme aura à faire un choix, soit détruire ce bâtiment pour construire un nouveau complexe ou le rénover en totalité ou en partie », poursuit Réjean Descôteaux. « Comme Pierrevillois et président de la Société historique de la région de Pierreville, afin de conserver la mémoire collective de cet édifice, j'espère qu'ils préserveront en partie cette magnifique architecture pour qu'elle puisse continuer à vivre dans nos coeurs. »

Après la cérémonie religieuse, plus de 360 personnes se sont rendues au Centre communautaire de Pierreville pour partager un repas et discuter, à l'occasion d'un brunch.

« Je trouve que c'était important de se réunir pour saluer une dernière fois cette église. C'est une journée un peu triste mais c'est aussi la démonstration des liens qui unissent la communauté », explique Bertrand Allard, un des organisateurs de ce brunch.

 

Manifestation

 

Les gens qui sont venus assister à la messe ont été accueillis par une poignée de manifestants à l'extérieur. Le groupe, dont faisait partie le conseiller Marcel Lavoie, souhaitait sensibiliser les gens à l'importance de conserver ce patrimoine bâti.

« Il y a aussi des gens qui sont déçus que la Municipalité cède son plus beau terrain à la Coop de santé. Il y aurait eu d'autres possibilités, selon moi. Mais maintenant, ça s'arrête là. C'est terminé », explique M. Lavoie lors d'un entretien téléphonique.

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