Attention au soleil qui miroite

Dominique Gobeil, La Vie d’Ici, Shipshaw, octobre 2015

Récemment, une émission matinale de télévision, pour ne pas la nommer, a ouvert à tous une audition pour devenir le prochain employé ou la prochaine employée au fameux poste de la chronique météo. Une occasion rêvée pour passer à la télé, travailler dans le monde des médias, où il est si difficile de percer, et occuper un emploi fascinant.

«Une job de rêve», oui, qui transporte la tête dans les nuages comme le mirage du modèle américain. Puisque, même si tout le monde avait supposément ses chances, l'expérience a montré la situation sous un angle totalement différent.

À la fin de ce processus de sélection où se sont précipitées des centaines de jeunes filles – trop ? – enthousiastes, et sûrement quelques garçons par-ci par-là, trois finalistes ont été dévoilées pour rivaliser lors de la prise de décision ultime; une opportunité pour le média concerné de présenter une nouvelle identité plus actuelle, en cette ère où la diversité corporelle fait manchette. Un mouvement que je ne peux qu'approuver, je crois que vous pouvez vous passer des arguments. Je vous invite par ailleurs à aller sur le site d'organismes comme "Ce qui se cache derrière le miroir", si vous voulez être plus convaincu.

Il faut croire que ce concept ait échappé au comité de sélection. Chacune des finalistes (oui, avec un «e» à la fin, il semble qu'aucun homme n'était à la mesure…) arborait une tignasse blonde légèrement ondulée, un sourire étincelant et une silhouette tout ce qu'il y a de plus conformiste pour le petit écran. Au moins, chacune semblait très à l'aise et paraissait avoir une bonne expérience du milieu.

Précision: n'allez pas croire que j'ai quelque chose contre les blondes. J'aime toutes les couleurs de cheveux, de yeux, de peau, et tous les gabarits possibles. Je les aime tous parce que j'aime mieux m'attarder à ce qu'il y a à l'intérieur, et parce que je déteste la discrimination.

C'est pourquoi j'ai de très grandes difficultés à assimiler que, parmi toute la gamme de personnes ayant passé les auditions, aucune brunette, aucun roux ou aucun individu affichant un tour de taille inhabituel à ce qui est véhiculé dans les médias, n'ait possédé des compétences égales, sinon supérieures, à la brochette finale choisie. Il me semble que la différence aurait dû être un critère, au lieu du conservatisme de rigueur.

Peut-être que mes attentes envers ce concours étaient trop élevées (en passant, je n'ai pas participé, ce texte n'est pas dû à la rancœur d'une candidate échaudée). En tout cas, je trouve que «l'égalité des chances» si bien promue n'aura finalement été qu'une belle campagne de publicité. Je me demande combien d'abonnés sur les réseaux sociaux, l'émission a gagnés.

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