Raymonde Chouinard et son jardin secret du rang d’en haut

Louise Lamontagne, Le p’tit journal de Woburn, Woburn, octobre-novembre 2015

En juillet 2007, Le p'tit journal de Woburn consacrait un article à Raymonde Chouinard et Marcel Dulac qui s'intitulait « Cet été, viens visiter ma cour! » Le couple organisait à cette époque des visites guidées de la mi-juillet à septembre. Les personnes qui visitaient le jardin partaient à sa découverte tout en ayant Raymonde comme guide. « L'idée a germé, raconte Raymonde, lorsqu'un jeune couple revenant du mont Gosford s'est arrêté devant la maison.» Raymonde leur demande alors s'ils ont besoin d'aide et ils lui répondent qu'ils trouvent la maison et ses alentours très beaux. Sans hésiter, elle les convie à en faire le tour et voilà que la première visite guidée voit le jour. Le jeune couple en ressort émerveillé, avec plein d'idées de jardinage en tête. Cette aventure dure cinq ans.

Chaque année, une centaine de personnes ont bénéficié des conseils de Raymonde et ont eu un aperçu du gigantesque travail accompli. En circulant sur le rang Tout de Joie, on ne peut se rendre compte qu'il s'y cache un jardin d'une telle splendeur. Le jardin de Raymonde et Marcel est un secret très bien caché. Huit années ont passé depuis la parution de cet article. L'enthousiasme de Raymonde et de Marcel est toujours présent, mais nuancé. « À l'époque, mon emploi me permettait de consacrer plus de temps à ma passion et aux visites guidées, confie Raymonde.

Aujourd'hui, j'ai moins de temps. On ne rajeunit pas et ma santé m'a quelque peu ralentie. J'ai encore le goût de jardiner, mais mes priorités ont changé.» De son propre aveu, Raymonde est très perfectionniste. Donc, le matin des visites, tout devait être parfait. Aucune mauvaise herbe n'était tolérée, le gazon devait être tondu, les fleurs fanées coupées. Tout cela demandait beaucoup de temps et occasionnait énormément de stress. « À la fin, je n'avais plus de plaisir, c'était devenu une corvée.» Alors Raymonde prend une pause pour se rétablir physiquement et mentalement.

Un repos pour redécouvrir le plaisir de jardiner. Elle en retrouve le goût et s'impose aujourd'hui un rythme qui lui convient mieux. Et Marcel la rappelle à l'ordre lorsqu'elle part en grand. C'est en 1982 que Raymonde revient s'établir à Woburn et qu'elle achète sa maison actuelle. Elle défriche le terrain et plante une rangée d'épinettes le long du rang. L'horticulture étant à la mode, elle commence à aménager son terrain. « D'après moi, tu viens au monde avec cette passion qui se développe avec les années. J'ai habité près du Jardin botanique de Montréal et j'y allais souvent avec les enfants. En premier, ce sont les plantes d'intérieur qui m'ont attirée, se souvient-elle. »

Aujourd'hui son jardin compte plus  de 850 espèces de vivaces incluant environ 130 sortes d'hostas et Raymonde se fait un devoir de connaitre tous les noms de ses plantes. « J'ai fait beaucoup d'essais et autant d'erreurs. C'est comme ça que tu apprends. Dans le même été, j'ai changé des plantes d'emplacements trois fois avant d'être satisfaite! Quand je fais une platebande et qu'elle est à mon goût, je me dis "crime que c'est beau".»

Raymonde part à la découverte de nouvelles plantes en visitant les pépinières. L'achat d'une plante se fait toujours sur un coup de cœur et en connaissant déjà l'emplacement que celle-ci prendra dans son jardin. La planification et la réalisation d'une nouvelle plate-bande restent les moments préférés de Raymonde. « Les idées me viennent n'importe quand dans la journée. Quand je crée un nouveau coin pour mes plantes, je sais déjà à quoi il va ressembler avant même que je le termine. Lorsque ce n'est pas à mon goût, je m'assis devant et je trouve rapidement ce qui cloche. J'aime les plantes qui embarquent les unes sur les autres comme un jardin à l'anglaise. » Les éléments décoratifs façonnés par Raymonde et Marcel créent une harmonie essentielle à leur beau jardin.

Arrive l'automne au moment d'écrire cet article, une période active et bienvenue pour Raymonde. « Ça me fait mal au cœur de couper mes plantes à l'automne. Mais je suis très contente d'arrêter de tondre le gazon. » L'hiver assure un temps de repos nécessaire pour permettre aux nouvelles idées d'émerger en vue de la prochaine saison. Raymonde essaie maintenant de s'en tenir aux plantes qui exigent peu de soins. Elle est moins exigeante envers elle-même afin de continuer à avoir du plaisir à jardiner et être disponible pour communiquer son savoir à quiconque le demande. Une recette efficace puisqu'en se promenant dans le jardin secret du rang d'en haut, on s'aperçoit que chaque détail a été pensé et réalisé avec minutie et amour des plantes.

classé sous : Non classé