Métaflore, un jardin de Saint-François

Nicole Bédard, Autour de l’île, Île d’Orléans, octobre 2015

Tim Boucher fait partie de la nouvelle génération d’agriculteurs qui se sont lancés dans l’aventure de la culture biologique et expérimentale. En venant s’établir à Saint-François-de l’Île-d’Orléans, il a apporté dans ses bagages une riche expérience en ce domaine et il a mis sur pied une production de micropousses et un jardin de type biologique. Son entreprise porte le nom de Métaflore.

À la ferme, on retrouve des micropousses de pois et de radis germant au sous-sol de la maison. Au jardin, on a cultivé asperges, pleurotes, fines herbes, arbres fruitiers, ail et houblon. À leurs côtés, quelques saules formant une haie fourniront des boutures destinées à la vente. Des plantes sauvages comestibles et fraîchement cueillies sont mises à la disposition des restos alors que d’autres plantes sauvages médicinales sont réservées à la préparation de tisanes.

Tout près, on élève des dindes et des poules dont on vend les oeufs. Deux petits cochons s’ajoutent à la bassecour contribuant à former une fermette d’antan où la diversité côtoie les nouveautés.

Pendant les fins de semaine d’été, il a partagé avec des artisans un espace à la Tour du Nordet, offrant aux visiteurs divers produits de son jardin. Quelques restaurateurs de l’île s’en sont également procurés de façon régulière, ajoutant saveurs et couleurs à leurs plats. Le chef du restaurant de l’Auberge La Goéliche lui a témoigné sa reconnaissance pour sa collaboration, sa passion pour le jardinage et ses produits d’exception qui l’ont incité, avec son équipe, à se surpasser en cuisine. Ce qui lui a fait dire : «Sans Métaflore, La Goéliche n’aurait pas eu d’aussi belles salades cet été! Merci Tim.»

 

Un parcours enrichissant

 

De descendance québécoise, M. Boucher est né dans l’État du Massachusetts, aux États-Unis. Il a travaillé dans six fermes biologiques en Nouvelle-Angleterre comme bénévole, en échange de la nourriture et du logement. Ce qu’il retient des fermiers rencontrés, c’est non seulement leur capacité à vivre de leurs produits, mais aussi leur sens de l’entraide qui lui a semblé avoir contribué à leur essor. Arrivé au Canada il y a quatre ans, après avoir rencontré sa conjointe, une Orléanaise, il a travaillé dans six autres fermes au Québec et, pendant une saison, il a été à l’emploi d’une ferme de Sainte-Famille qui préparait des paniers bio. Une corde de plus s’est ajoutée à son arc, soit celle de son travail bénévole dans l’Herbier Marie-Victorin du Jardin botanique de Montréal où il a fait le montage d’échantillons botaniques séchés, ayant parfois en main des échantillons historiques des Frères Marie-Victorin et Rolland Germain. Il a pu ainsi profiter d’une formation pratique et devenir un autodidacte de la botanique indigène du Québec. De plus, il a agi comme gérant de jardin, dans le cadre du programme «City Farm School» de l’Université Concordia, adaptant certaines techniques de l’agriculture urbaine au milieu rural. À Montréal, il a collaboré à l’installation de potagers et de jardins selon le concept de la permaculture en plus de faire des aménagements paysagers.

 

Des moyens pour aider les jeunes agriculteurs

 

Dans ses démarches pour la mise sur pied de son entreprise, M. Boucher déplore le manque de ressources et d’informations, bien qu’il souligne avoir eu de bons renseignements au Cegep de Victoriaville. Pour pallier cette lacune, il a décidé de rédiger un document intitulé : The 1 000 $ Farm. Il y explique comment réaliser une petite entreprise agricole avec un investissement minimal. Cet ouvrage est déjà en vente en anglais et il compte le traduire en français. Il se propose, par souci de transparence, d’y apporter une mise à jour en indiquant les coûts financiers réels de démarrage d’une petite entreprise agricole.

«Le partage d’informations est la clé de la survie en agriculture. Si l’on veut de nouvelles fermes, il faut partager nos connaissances», affirme avec conviction M. Boucher. C’est pourquoi il aimerait offrir des ateliers sur les plantes sauvages et les faire connaître davantage. Il croit au retour à la terre en prenant un autre chemin que celui de l’emploi des pesticides, par exemple, pour une agriculture saine et en harmonie avec la nature. Il offre à tous ceux qui désirent échanger sur l’agriculture biologique de l’appeler au 418 203-0624 et de venir faire un tour dans son jardin situé au 415, chemin Royal, à Saint-François.

 

classé sous : Non classé