Victor-Lévy Beaulieu à la défense de la langue française

Marjolaine Jolicoeur, L'Horizon, MRC des Basques, septembre 2015

L’écrivain et directeur des Éditions Trois-Pistoles, Victor-Lévy Beaulieu (VLB), entend bien désobéir à Patrimoine Canada. L’organisme veut imposer aux éditeurs l’obligation d’ajouter dorénavant à tous leurs livres mais aussi à leurs communiqués de presse, une mention bilingue indiquant le soutien financier du ministère canadien.

VLB ne se conformera pas à cette nouvelle directive qu’il qualifie de « cheval de Troie pour imposer par la force l'usage de l'anglais au Québec ». Sa démarche a reçu l’appui des candidats bloquistes Johanne Carignan et Louis Gagnon.

Selon VLB cette ingérence du gouvernement fédéral met en péril la survie de la langue française dont la situation, dit-il, est déjà précaire dans certains milieux. La reconnaissance de la loi 101 devrait primer avant toute chose : « Le gouvernement fédéral, par une loi votée au Parlement du Canada, a reconnu que le Québec forme une nation. Or, le fondement de ce qui constitue notre nation, c’est la langue commune dont nous faisons usage. »

 

Problèmes financiers

 

Son refus de se conformer à la directive ministérielle met-elle en péril les Éditions Trois-Pistoles? En se rendant inadmissible aux subventions de Patrimoine Canada, « cela veut dire un manque dans la trésorerie de 75 000$, soit notre fonds de roulement », explique VLB.

Malgré tout, cet automne, les Éditions Trois-Pistoles publient sept ouvrages. VLB et son équipe – André Morin et Nicolas Falcimaigne – se sont dits « prêt à manger du pain noir toute l’année » pour que leur maison d’édition continue d’exister, tout en reconnaissant que cela va prendre beaucoup d’imagination. Un plan B est présentement à l’étude.

 

Des miettes pour le monde de l’édition

 

Le gouvernement canadien contrôle présentement 70 % des subventions accordées à l’édition québécoise. VLB a indiqué que dans un monde idéal il faudrait « prouver au fédéral qu’on n’a pas besoin d’eux autres si on veut vraiment faire ce qu’on veut faire ».

Quant au gouvernement québécois, son aide au monde de l’édition reste mince. « Nous n’avons reçu d’eux que 5 200$ pour la publication de 15 ouvrages. Les crédits d'impôt dont bénéficiaient les éditeurs ont baissé de 20% ».

 

A la recherche d’appuis

 

VLB s’est insurgé aussi du silence des organisations politiques, associations d’écrivains, maisons d’édition ou de défense de la langue française suite à sa sortie publique contre cette directive ministérielle de Patrimoine Canada. Le chantage du gouvernement fédéral doit être dénoncé, a-t-il soutenu : « Il faut livrer un combat sans merci, par fierté pour nous-mêmes, pour ce qui nous construit et forge notre vision du monde, notre langue ».

 

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