Se souvenir de ceux et celles qui ne sont plus

Jean-Pierre Fabien, Le Sentier, Saint-Hippolyte, septembre 2015

Le 16 août n’était pas un dimanche comme les autres. Il faisait beau comme jamais. C’est en matinée qu’une centaine de fidèles se sont déplacés en plein air, dans le cimetière de la paroisse pour assister à une autre édition de la Messe du cimetière. Pour l’occasion, l’autel, l’orgue, la chorale, les micros, les haut-parleurs, les fleurs et les chandelles avaient été disposés devant le monument du Christ en croix au fond du cimetière de Saint-Hippolyte. Les participants avaient apporté leur chaise pour l’événement. C’était un temps de souvenance, de mémoire. Mgr Jacques Grand’Maison, celui qui est tant aimé par ses paroissiens, célébrait cette messe singulière.

La pire mort demeure l’oubli, nous rappelle-t-il dans son introduction qui fut prononcée aussi en anglais. Mgr Grand’Maison faisait preuve d’un inébranlable aplomb. Le cœur et l’âme y étaient. Il nous conviait à la prière et à la réflexion: Nos défunts sur la terre sont vivants dans le ciel. En cette journée, je veux réfléchir avec vous autres…

 

Un célébrant convaincu

 

Cette messe du cimetière fut vécue avec beaucoup de profondeur. Durant l’homélie, Jacques Grand’Maison nous a partagé un texte qu’il avait écrit lorsqu’il participait à des rencontres plutôt houleuses sur le passé et l’héritage chrétiens. Il faisait référence à 400 ans d’histoire rapportée et transmise par nos aïeux. On n’a pas dit ce que nos pères et nos mères ont eu de courage, de foi et d’humanité pour nous amener à ce qu’on a de meilleur aujourd’hui et de plus solide sous nos pieds, clamait-il avec émotion et conviction. Cet homme, âgé de 83 ans, ne marche pas à l’aveuglette. Il sait ancrer ses valeurs dans le quotidien. Ce prêtre, qui compte 60 ans de sacerdoce, sait trouver la brèche lumineuse au tréfonds de son être. Il sait toucher par ses paroles et par son cœur rejoignant ainsi toute personne en quête de sens.

 

Des roses pour nos défunts

 

Après l’homélie, Gilles Ducharme, coordonnateur de la paroisse, fut appelé à l’avant-scène. Les 34 personnes de Saint-Hippolyte disparues depuis la dernière messe du cimetière, célébrée en août 2014, furent nommées à tour de rôle. Un grand vase rempli de roses symbolisait le passage de ces êtres chers. M. Ducharme a invité les membres de la famille à venir placer la rose dans un vase spécial au moment où le nom du défunt était prononcé. C’est alors que nous pûmes entendre les noms des personnes qui ont quitté cette vie, et ce, d’Éric Beauchamp à Roger Sylvain. Cette cérémonie de recueillement nous permettait de penser nous-mêmes aux êtres que nous avons aimés, que nous aimons toujours et qui ne sont plus avec nous. Et d’ajouter Jacques, le célébrant : Seigneur, je veux communier aujourd’hui avec les êtres chers qui ont été une partie de moi-même…

À la suite de cette célébration simple, mais combien touchante, j’ai pu saisir à quel point il est nécessaire d’utiliser notre énergie pour aimer et rendre les autres heureux. La vie est trop courte pour ne pas semer le meilleur de nous-mêmes tout autour, et ce, tous les jours de notre vie.

 

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