Hommes de vase

Ginette Plante, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli, septembre 2015

Depuis 30 ans qu’elle est revenue dans notre région, à sa source, Chantal Caron a multiplié les spectacles chorégraphiques en salle et les productions à ciel ouvert. Sur le bord de ce fleuve qui l’inspire telle une muse, elle et sa compagnie Fleuve | Espace danse ont présenté une nouvelle création « Hommes de vase », devant un millier de personnes, à l’occasion de la Fête des chants de marins, les 15 et 16 août derniers.

Une musique (solide création de Pierre-Marc Beaudoin) semblant battre au rythme du cœur de la terre nous capte et nous garde en alerte devant quatre danseurs et des formes boueuses, des particules qui sortent du fleuve, se meuvent, se détachent, s’entrechoquent, se déposent, s’agglomèrent, s’accumulent et se sédimentent pour la laisser lentement apparaître des formes à la fois humaines et animales jusqu’à la verticalité. Çà et là, des sons vocaux striduleux flirtant entre l’avertissement de l’oiseau et le cri primitif de l’humain.

Au milieu de ces corps qui s’entremêlent, une cellule féminine se démarque et c’est la vie qui commence. La boue, de plus en plus présente sur le corps des danseurs, prend une part active au spectacle. La sédimentation est chargée de parcours, d’histoire, de recommencement. Les quatre danseurs, Oliver Koomsatira, Pierre-Marc Ouellette, Nicolas Patry et Clémentine Schindler excellent dans cette interprétation de danse contemporaine. Vingt-cinq figurants de la région, de 7 à 62 ans se joignent à eux pour une présentation prenante, fascinante et qui ne nous laisse pas une seconde de répit. Une fois de plus, la chorégraphe et directrice artistique nous met en face de la fragilité de notre terre-mère et de notre environnement menacé. Sa démarche créatrice, personnelle et singulière s’inscrit dans un engagement envers la planète, le fleuve et les éléments de notre écosystème.

Marilène Bastien a assuré la conception des costumes. Un projet d’exploration sur la sédimentation a aussi permis à des élèves de 3e année de l’école St-Jean de rencontrer le géologue-écologiste Ian Chartrand et de s’intéresser à la vase, à sa texture, à son processus de formation et à son rôle important d’éponge pour absorber la pollution au fond du fleuve. « Hommes de vase » sera présenté au public montréalais en septembre 2016.

 

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